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Italie

Un tribunal italien juge des officiers égyptiens pour le meurtre d’un étudiant

Le procès de quatre officiers de sécurité égyptiens pour le meurtre brutal au Caire, il y a cinq ans, de l’étudiant italien Giulio Regeni s’est ouvert par contumace à Rome jeudi.

Les officiers sont accusés d’enlèvement, de conspiration de meurtre et de lésions corporelles graves dans cette affaire, qui a suscité l’indignation en Italie et a tendu les relations diplomatiques avec l’Egypte.

La mère de Regeni avait la tête baissée lorsqu’elle est arrivée avec son père et la sœur de Giulio pour l’audience, qui se déroulait dans la salle du bunker de la prison de Rebibbia, souvent le théâtre de procès mafieux.

Regeni, 28 ans, effectuait des recherches pour un doctorat à l’université de Cambridge lorsqu’il a été enlevé en janvier 2016. Son corps, portant de nombreuses traces de torture, a finalement été retrouvé abandonné dans la banlieue du Caire.

Le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio a salué l’ouverture du procès comme “un résultat inespéré dans les semaines qui ont suivi la découverte du corps de Giulio”, alors que l’affaire semblait insoluble.

Le bureau du Premier ministre Mario Draghi a annoncé mercredi dernier que le gouvernement se portait partie civile dans l’affaire, dans un geste symbolique de soutien à la famille Regeni.

Mais le procès pourrait s’effondrer avant même d’avoir commencé.

Le tribunal devra se prononcer sur la question de savoir si les quatre suspects ont connaissance de la procédure judiciaire engagée à leur encontre, comme l’exige la loi. L’Egypte a refusé de fournir leurs coordonnées.

Lors d’une audience préliminaire en mai, un juge a estimé que la couverture médiatique signifiait que les nouvelles de l’enquête sur les quatre suspects les avaient atteints. Cette décision pourrait être confirmée ou annulée par le tribunal jeudi.

Les quatre personnes sont nommées dans les documents judiciaires comme le général Tariq Sabir, les colonels Athar Kamel et Uhsam Helmi et le major Magdi Ibrahim Abdelal Sharif, qui est accusé d’avoir commis le meurtre.

Les parents de Giulio Regeni tiennent une banderole sur laquelle on peut lire ''La vérité pour Giulio Regeni'' pendant une conférence de presse avec le sénateur Luigi Manconi, président de la commission des droits de l'homme au Sénat italien, le 29 mars 2016 à Rome.

Les parents de Giulio Regeni tiennent une bannière sur laquelle on peut lire “Vérité pour Giulio Regeni” lors d’une conférence de presse avec le sénateur Luigi Manconi, président de la commission des droits de l’homme au Sénat italien, le 29 mars 2016 à Rome. ANDREAS SOLARO / AFP

Une “souffrance aiguë

Les enquêteurs pensent que Regeni a été enlevé et tué après avoir été pris pour un espion étranger.

Le procureur Michele Prestipino a déclaré à une commission parlementaire en décembre qu’il y avait des “éléments de preuve significatifs” impliquant des officiers égyptiens dans le meurtre – une accusation rejetée par l’Egypte.

Son équipe allègue que Sharif a fait suivre Regeni par des informateurs, l’a fait arrêter et lui a causé une “souffrance physique aiguë”. Les dents de Regeni ont été cassées et ses mains et pieds fracturés. Il est mort de suffocation.

L’équipe juridique de Regeni a demandé que tous les premiers ministres et ministres des Affaires étrangères italiens depuis 2016 soient appelés à témoigner, ainsi que les chefs des services secrets du pays, selon les médias.

Mais l’avocat de la défense désigné par le tribunal, Tranquillino Sarno, a déclaré à l’AFP que le procès “dépendrait de la présence à Rome de témoins clés essentiels au dossier du procureur pour témoigner en personne”.

Le cadavre de Regeni a été retrouvé neuf jours après sa disparition. Sa mère a déclaré plus tard qu’il avait été si gravement mutilé qu’elle n’a reconnu son fils que par le “bout de son nez”.

Dans le cadre de son travail de doctorat, Regeni avait fait des recherches sur les syndicats égyptiens, un sujet politique particulièrement sensible.

Son meurtre a déclenché de nouvelles critiques sur le bilan de l’Égypte en matière de droits de l’homme sous la présidence d’Abdel Fattah al-Sisi.

Claudio Francavilla, de Human Rights Watch, a déclaré aux journalistes à Rome mercredi que le procès était suivi de près en tant que “symbole d’espoir pour les Egyptiens”.

Par Ella Ide de l’AFP.

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