Rester ou partir ? Draghi appelle à un nouveau “pacte” pour sauver le gouvernement italien.

Le Premier ministre italien Mario Draghi a déclaré mercredi que la seule façon de sortir de la crise politique qui menace la stabilité du pays était un nouveau pacte gouvernemental basé sur “le courage, l’altruisme, la crédibilité”.

Le premier ministre a demandé aux partis de l’ensemble de l’échiquier politique de mettre de côté leurs différences et de s’unir comme ils l’avaient fait en février 2021 lorsque M. Draghi a pris la tête d’un gouvernement d’union nouvellement formé pour relever les multiples défis de l’Italie, du coronavirus à l’économie.

“La seule façon d’avancer si nous voulons rester ensemble est de reconstruire à nouveau ce pacte (de gouvernement) avec courage, désintéressement, crédibilité”, a déclaré Draghi au Sénat.

“Êtes-vous prêts ? … Vous ne devez pas cette réponse à moi, mais à tous les Italiens”.

Le discours sévère d’un Draghi à la voix habituellement douce a laissé entendre que l’ancien dirigeant de la Banque centrale européenne était prêt à rester – mais à une condition : que les partis très disparates s’engagent à nouveau sur un programme commun.

La crise a été déclenchée par le refus du Mouvement 5 étoiles, membre de la coalition, de se retirer d’un vote de confiance.

Les parlementaires vont maintenant débattre pendant plus de cinq heures, exposant leurs positions. Draghi répondra ensuite, avant un vote plus tard mercredi.

S’il survit à tout cela, le processus sera répété à la chambre basse jeudi.

Sinon, le président italien pourrait dissoudre le parlement et convoquer des élections pour septembre ou octobre.

Après le départ de Draghi de son poste jeudi, le président l’a exhorté à se rendre au Parlement pour savoir si sa coalition fracturée peut être sauvée – ou si des élections anticipées sont inévitables.

L’enjeu est de taille : l’effondrement du gouvernement en période d’inflation galopante pourrait retarder l’adoption du budget, menacer les fonds de relance de l’Union européenne après la pandémie et faire chuter les marchés nerveux.

Les sondages indiquent que la plupart des Italiens souhaitent que Draghi, 74 ans, reste à la tête de la troisième économie de la zone euro jusqu’aux élections générales prévues en mai prochain.

Les partis de centre-gauche ont déclaré qu’ils soutiendraient Draghi, mais un point d’interrogation demeure concernant Forza Italia et la Ligue, qui ont exclu de rester au gouvernement avec Cinq étoiles.

“Nous sommes au milieu d’une crise politique à l’italienne, donc les prédictions changent du tout au tout d’une seconde à l’autre”, a déclaré à l’AFP Giovanni Orsina, directeur de l’école de gouvernement Luiss à Rome.