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Suède

OPINION : La Suède doit mettre de l’ordre dans son système d’identification numérique désordonné

OPINION : La Suède doit mettre de l'ordre dans son système d'identification numérique.

Acheter en ligne, payer ses impôts ou ses factures, accéder aux soins de santé ou aux services sociaux, vérifier son solde bancaire ou son épargne retraite, signer des documents officiels – pour tout cela, en Suède, vous avez besoin d’un identifiant numérique sur votre téléphone portable. Il est donc frustrant d’apprendre que de récents changements de règles ont, le service d’identification numérique le plus largement utilisé.

Comme toujours, la route de l’enfer est pavée de bonnes intentions. Ce problème pour les non-Suédois fait suite à un renforcement des règles visant à améliorer la sécurité et à réprimer la fraude d’identité.

Mais il survient à un moment où la Suède est sous pression pour ouvrir ses services aux non-Suédois, sur la base de la technologie d’identification numérique. En effet, les citoyens suédois eux-mêmes commenceront bientôt à pouvoir accéder aux services publics de l’UE en utilisant leur carte d’identité numérique suédoise.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un projet plus vaste dans lequel l’Union européenne cherche à éliminer les obstacles à l’utilisation transfrontalière de l’identification électronique, en permettant l’accès aux services en ligne offerts partout dans les 27 États membres. Le plan prévoit que 80 % des citoyens de l’UE utiliseront une carte d’identité numérique d’ici 2030.

Cela signifie que les agences gouvernementales et les fournisseurs du secteur privé, tels que les banques et les opérateurs téléphoniques, devront reconnaître l’identification numérique comme preuve d’identité dans l’ensemble de l’Union. La carte d’identité numérique constituerait une base commune pour effectuer des transactions électroniques sécurisées. D’ici 18 mois seulement, les Européens pourraient ne plus avoir besoin de pièces d’identité physiques pour voyager, travailler, accéder à des services et vivre partout ailleurs dans l’Union.

La dernière étape consiste à créer un “portefeuille d’identité numérique de l’UE” que les citoyens pourront télécharger sur leur téléphone. La Suède, l’Espagne et la Finlande sont à la tête d’un consortium qui a remporté un appel d’offres d’un montant maximal de 37 millions d’euros pour un projet pilote à grande échelle visant à relier les différentes cartes d’identité électroniques utilisées dans les États membres de l’UE au porte-monnaie électronique. La transformation promise par cette évolution est également pleine de potentiel pour le secteur fintech (technologie financière) innovant de la Suède, qui compte de grands noms comme Klarna et iZettle.

Comment la Suède peut-elle se positionner comme un acteur de premier plan dans ce processus, tout en rendant l’accès à Bank ID plus difficile pour les non-Suédois ? Pourquoi les Suédois peuvent-ils aller à l’étranger et utiliser leur carte d’identité numérique, alors que les non-Suédois ont du mal à obtenir une carte d’identité numérique en Suède ?

Une partie du problème est que tant d’agences délivrent des moyens d’identification en Suède. Une enquête gouvernementale menée en 2019 a révélé qu’il existait 13 organismes de ce type et a proposé d’en réduire le nombre à deux seulement. Elle a également suggéré la mise en place d’un système d’identification électronique géré par l’État, en plus des systèmes privés qui existent aujourd’hui, qui devrait entrer en vigueur en janvier de cette année.

Mais le processus lancé par cette enquête semble s’être arrêté.

Avec l’accélération de l’UE vers une plateforme commune d’identification électronique, cela pourrait devenir un sérieux problème pour la Suède. En janvier, l’Agence suédoise pour le gouvernement numérique (DIGG) a demandé qu’une identification électronique gérée par l’État soit “développée de toute urgence” afin de renforcer les opportunités de la Suède à l’étranger et de former la base du portefeuille numérique.

Selon la DIGG, les portefeuilles numériques suédois devraient être émis en partie par l’État et en partie par le secteur privé, afin de “tirer parti de l’innovation dans ce domaine”. Et en effet, le développement de l’identification numérique par le secteur privé a bien servi la Suède jusqu’à présent. Le Bank ID est largement utilisé et jouit d’un haut niveau de confiance.

Mais l’État semble réticent à prendre l’initiative de nettoyer le système d’identification désordonné de la Suède et de préparer le pays aux services transfrontaliers accessibles en ligne.

Il n’est pas nécessaire de chercher très loin pour trouver des pays qui font précisément cela. Le Danemark dispose depuis 2010 d’un système d’identification électronique géré par l’État et développé en collaboration avec le secteur privé. Les Estoniens ont un système d’identité électronique géré par l’État depuis 20 ans et ont étendu ce service aux non-résidents.

“Les services et informations numériques doivent être fondés sur les besoins des utilisateurs et être accessibles à tous”, déclare la DIGG sur la page d’accueil de son site web. “Tout le monde” doit inclure les non-Suédois qui vivent en Suède et contribuent à son économie et à sa société. Les problèmes rencontrés par les non-Suédois pour accéder aux services numériques mettent en évidence des problèmes plus fondamentaux dans l’approche de la Suède en matière de numérisation, qui nécessitent une action urgente.

David Crouch est l’auteur deAlmost Perfekt : comment la Suède fonctionne et ce que nous pouvons apprendre d’elle.. Il est journaliste indépendant et chargé de cours en journalisme à l’université de Göteborg.

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