Espagne
Les évacués du volcan de La Palma doivent faire face à d’énormes défis de reconstruction
Les vies de milliers de personnes ont peut-être été dévastées par l’éruption du volcan sur l’île de La Palma, mais beaucoup commencent à rêver de rentrer chez eux et de commencer à reconstruire.
Cela fait plus de deux semaines que La Cumbre Vieja est entrée en éruption, forçant plus de 6 000 personnes à quitter leur maison alors que la lave brûlait sur d’immenses étendues de terre à l’ouest de La Palma, dans les îles Canaries, en Espagne.
Et aucune législation ne les empêche de retourner chez eux dans la vallée d’Aridane, une zone agricole fertile où vivent 20 000 personnes et qui a subi le plus gros de l’éruption, la lave ayant détruit plus de 1 000 bâtiments.
Contrairement à l’Etna en Italie ou au Mont Fuji au Japon, qui ont une cheminée centrale, le volcan de La Palma crée une nouvelle fissure à chaque fois qu’il entre en éruption, ce qui signifie qu’il n’est pas possible d’établir une zone d’exclusion clairement définie.
“Cela ne serait pas d’une grande aide, car ce type de volcan entre en éruption où il veut”, a déclaré Manuel Perera, architecte et responsable de la planification urbaine à Los Llanos de Aridane, la zone la plus touchée, située à l’ouest de l’île.
Lors des deux dernières éruptions de La Palma, en 1949 et 1971, il y a eu très peu de dégâts, en grande partie parce que la densité de population était beaucoup plus faible.
Ce qui est clair, c’est que personne ne veut partir.
“Je ne vais nulle part”, insiste Pedro Antonio Sanchez, un résident de 60 ans dont la plantation de bananes a été endommagée par l’éruption mais qui est déterminé à rester sur place.
“Il y a des zones entières peuplées comme Todoque et d’autres qui ont disparu et de nombreux résidents, qui y ont des racines, veulent rester dans la région”, a déclaré lundi le chef de la région des Canaries, Angel Victor Torres, au journal local El Diario de Avisos.
La seule réglementation concernant le droit de reconstruire concerne la lave refroidie, qui doit être respectée en tant qu'”espace naturel protégé”, ce qui signifie que personne ne peut y construire, selon M. Perera.
Mais les autorités semblent adopter une approche plus souple.
“Un projet de loi est en cours de préparation, qui classera ces terres comme aptes au développement afin de permettre la reconstruction ordonnée des zones qui ont été détruites”, a déclaré Torres.
La vie sur Mars
L’archipel de l’Atlantique, situé au large de la côte nord-ouest de l’Afrique et comptant sept îles, a subi d’énormes changements en raison de l’activité volcanique des 12 000 dernières années.
“C’est exactement ce qui se passe dans les îles Canaries et beaucoup de gens du continent ne comprennent pas vraiment. Ce ne sont pas des îles confrontées à une menace volcanique, ce sont des îles volcaniques”, écrit le journaliste Alfonso González Jerez dans le journal El Dia de dimanche.
“Les îles Canaries ne survivent pas en dépit des volcans : ce sont les volcans qui ont créé les Canaries”.
Bien qu’il soit scientifiquement impossible de prédire quand l’éruption se terminera, certains experts ont parlé de plusieurs semaines en se basant sur les expériences précédentes.
Et la lave pourrait mettre six à neuf mois à refroidir, a déclaré cette semaine Borja Perdomo, responsable régional des infrastructures, citant des experts.
Certains habitants ont demandé aux autorités de ne pas imposer de restrictions sur la zone, mais les experts affirment qu’il serait impossible d’y construire des maisons à court terme.
“Ce serait comme être sur Mars”, a expliqué Perera.
“C’est le pire endroit de toute l’île pour la reconstruction, car il pourrait s’écouler des mois, voire des années, avant que ça ne se refroidisse.”
Jusqu’à présent, la lave a recouvert plus de 434 hectares de terrain, et quand elle refroidira, elle aura “une surface irrégulière avec des pentes raides très inégales”, a-t-il dit.
“C’est un terrain avec lequel il est très difficile de travailler”.
De nouvelles terres fertiles ?
Malgré l’éruption en cours, la vie se poursuit normalement dans la majeure partie de l’île, à l’exception des perturbations causées par les routes endommagées et détruites.
La lave a recouvert moins de 8 % de la vallée d’Aridane et c’est là que les plus grands changements auront lieu, à commencer par le relogement de ceux qui ont perdu leur maison.
L’île a également gagné 75 acres de surface supplémentaire grâce à la lave qui s’est déversée dans la mer sur une portion de 500 mètres de la côte, créant ainsi un vaste delta qui sera utilisé à un moment donné dans le futur.
Sur ce site, qui se trouve juste en bas de la côte du delta de lave nouvellement créé, les habitants se sont mis au travail pour niveler la surface en utilisant à peine plus que des pioches et des pelles, et la terre obtenue est l’une des zones les plus fertiles pour la culture des bananes.
