Le parlement le plus diversifié d’Allemagne siège pour la première fois.

Angela Merkel restera chancelière par intérim jusqu’à la mise en place d’un nouveau gouvernement, tandis que l’organe qui élira son successeur, la chambre basse du Bundestag, se réunira après avoir atteint le nombre record de 736 députés.

Les élections générales du 26 septembre ont laissé les sociaux-démocrates de centre-gauche comme premier parti, dont le candidat Olaf Scholz travaille à la formation d’une coalition gouvernementale d’ici début décembre.

Mais alors que le poste suprême devrait passer de la première femme chancelière à un homme, le puissant président du Bundestag, Wolfgang Schäuble, devrait céder le podium à Bärbel Bas, qui n’est que la troisième femme à occuper ce poste.

Le nouveau Bundestag peut se targuer d’un certain nombre de premières pour la nation la plus peuplée de l’UE, même si les militants estiment qu’il reste encore beaucoup à faire pour refléter véritablement la riche mosaïque de la société allemande.

La toute première femme noire députée, Awet Tesfaiesus, 47 ans, d’origine érythréenne, prendra place au sein du groupe parlementaire des Verts.

Arrivée en Allemagne à l’âge de 10 ans, Awet Tesfaiesus est devenue avocate et a consacré sa carrière à la défense des droits des immigrants et des demandeurs d’asile.

“Nous avons besoin de diversité dans ce pays”, a-t-elle déclaré à l’AFP. “Nous avons besoin que les personnes qui ont été victimes du racisme soient mieux représentées”.

Racisme latent

Au cours de son mandat, Tesfaiesus a déclaré vouloir lutter contre “l’étiquette” d’étrangère qui lui colle à la peau malgré son passeport allemand.

“On ressent partout un racisme latent”, a-t-elle déclaré.

“Quand je cherche un appartement, quand le facteur entre dans mon cabinet d’avocat et parle avec ma secrétaire parce qu’il pense automatiquement qu’elle est ma supérieure…”

Tesfaiesus a déclaré aux médias locaux qu’elle a lancé sa carrière politique à la suite d’une attaque raciste à Hanau, près de Francfort, en février 2020, lorsqu’un tireur d’extrême droite a abattu neuf personnes dans un bar à shisha et un café.

Elle rejoint le sénégalais Karamba Diaby, un social-démocrate qui était jusqu’à présent le seul député noir d’Allemagne, et son collègue de parti Armand Zorn, qui a émigré du Cameroun à l’âge de 12 ans et vient de remporter son premier mandat direct au parlement.

Le nombre de députés nés à l’étranger ou dont au moins un parent est né à l’étranger est passé à 83, représentant 11,3 % du Bundestag, contre 8,2 % lors de la dernière assemblée.

“Nous contribuons à réveiller la scène politique”, a déclaré à l’AFP Deniz Nergiz, chef du Conseil fédéral sur l’immigration et l’intégration, qui promeut la participation politique des communautés d’immigrés.

“Il y a aussi pour la première fois un élu réfugié dans l’est (ex-communiste) du pays”, où le nombre d’Allemands nés à l’étranger est nettement plus faible.

Parmi les nouveaux élus figure également Lamya Kaddor, qui donne des cours de religion sur l’islam dans les écoles de la vallée de la Ruhr – un sujet très controversé ces derniers temps.
années en Allemagne.

Dans le même temps, les Verts, qui s’attendent à être des partenaires juniors dans le nouveau gouvernement, ont présenté au moins trois douzaines de leurs députés âgés de moins de 35 ans. La députée Ricarda Lang a tweeté une photo d’eux sur les marches du bâtiment du Parlement avec le slogan : “Il y a des petits nouveaux en ville”.

Loin derrière

Mais malgré sa représentation plus large, le Bundestag, avec sa composition très majoritairement blanche et masculine, est encore loin de refléter le visage moderne de l’Allemagne.

Nergiz a déclaré que le Parlement était encore “loin derrière” les 26% de personnes d’origine étrangère “dans toute la société allemande”.

Il en va de même pour les femmes dans les rangs des députés, même après 16 ans avec Merkel, première femme chancelière à la tête du pays. Elles ne représentent que 24
pour cent des députés, contre 20 pour cent auparavant.

Les chiffres relatifs à la parité hommes-femmes varient considérablement entre les partis siégeant au Bundestag, les Verts affichant une majorité de 59 % de femmes, dont deux femmes transgenres : Tessa Ganserer et Nyke Slawik.

Tessa Ganserer et Nyke Slawik photographiées devant le Bundestag le 28 septembre.

En revanche, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne ne compte que 13 % de femmes dans ses rangs.

Des pourparlers sont en cours entre les sociaux-démocrates, les verts et les démocrates libres pour former un nouveau gouvernement. Ils veulent

Par Deborah COLE et Yannick PASQUET