Connect with us

Allemagne

L’Allemagne et Israël célèbrent les 50 ans du massacre des Jeux olympiques de Munich

Mémorial de Fürstemfeldbruck au massacre de Munich

Un mémorial dédié aux douze victimes de l’attentat terroriste perpétré par des militants palestiniens lors des Jeux olympiques de Munich les 5 et 6 septembre 1972 devant la base aérienne de Fürstenfeldbruck, dans le sud de l’Allemagne. Photo : INA FASSBENDER / AFP

Environ 70 proches des victimes se joindront à la cérémonie solennelle du 50e anniversaire lundi prochain, a déclaré à l’AFP Ankie Spitzer, dont le mari André Spitzer comptait parmi les morts. Par ailleurs, le Comité olympique israélien a confirmé une délégation à l’événement.

La cérémonie prévue de longue date avait risqué de sombrer dans un fiasco à cause d’une querelle entre des proches et l’État allemand au sujet d’une compensation financière pour leurs souffrances.

Mais un accord de 11 heures sur “la clarification historique, la reconnaissance et l’indemnisation” a été annoncé mercredi, l’Allemagne offrant 28 millions d’euros de réparations, soit six fois le montant précédemment fourni.

Avec cet accord, l’Etat allemand reconnaît sa “responsabilité et reconnaît les terribles souffrances des personnes tuées et de leurs proches”, ont déclaré Frank-Walter Steinmeier et son homologue israélien Isaac Herzog dans un communiqué.

« L’accord ne peut guérir toutes les blessures. Mais cela ouvre une porte l’un à l’autre », ont-ils ajouté.

Lors de la cérémonie à la base aérienne de Fürstenfeldbruck, à l’ouest de Munich, où la prise d’otages a atteint son paroxysme tragique, les proches endeuillés espèrent également que Steinmeier deviendra le premier chef d’État allemand à assumer publiquement la responsabilité des manquements qui ont conduit au carnage.

‘Incompétence’

Tenus près de trois décennies après l’Holocauste, les Jeux de Munich étaient censés présenter une nouvelle Allemagne. Mais cela a plutôt ouvert un profond fossé avec Israël.

Le 5 septembre 1972, huit hommes armés du groupe militant palestinien Septembre noir ont pris d’assaut l’appartement de l’équipe israélienne au village olympique, tuant deux personnes et prenant neuf autres en otage.

L’ancien handballeur est-allemand Klaus Langhoff a vu les scènes se dérouler depuis le balcon en face des quartiers de l’équipe israélienne.

Victimes du terrorisme israélien

Portraits de six des membres de l’équipe olympique israélienne qui ont été tués lors de l’attaque terroriste palestinienne aux Jeux d’été de Munich, en Allemagne, en 1972. De gauche à droite : (en haut) l’entraîneur Moshe Weinberg et les officiels Kehat Schur et Yakov Springer, (en bas) l’officiel Yosef Gottfreund , le lutteur Eliezaar Halfen et l’officiel Amitzur Shapira. Photo : Document / IPPA / AFP

Il a décrit les moments terrifiants où il a vu les preneurs d’otages sortir le corps sans vie de l’entraîneur de lutte israélien Moshe Weinberg et le laisser dans la rue.

“C’était horrible. Chaque fois que nous regardions par la fenêtre ou sur le balcon, nous y voyions cet athlète mort”, a-t-il déclaré à l’AFP.

La police ouest-allemande a répondu par une opération de sauvetage bâclée au cours de laquelle les neuf otages ont été tués dans une fusillade, ainsi que cinq des huit preneurs d’otages et un policier.

Ensuite, le chancelier Willy Brandt a qualifié l’enchaînement des événements de “document choquant de l’incompétence allemande” et a créé l’équipe commando GSG9 dans le mois.

Mais quelques semaines plus tard, trois preneurs d’otages capturés ont également été libérés lors d’un échange lorsque des terroristes ont détourné un avion de la Lufthansa le 29 octobre 1972 et ont exigé leur libération.

Exaspéré par l’enchaînement des événements, Israël lance alors l’opération « Colère de Dieu » pour traquer les dirigeants de Septembre noir.

Massacre des Jeux Olympiques de Munich 1972

De nombreux véhicules blindés arrivent dans le village olympique, le 05 septembre 1972 à Munich après que des terroristes palestiniens du groupe “Septembre noir” aient pris d’assaut les quartiers des athlètes israéliens, lors des Jeux olympiques de Munich en 1972, tuant deux et prenant neuf autres membres de l’armée israélienne. Otage de l’équipe olympique. Photo : EPU / AFP

Quatre décennies après le massacre, Israël a publié des documents officiels sur les meurtres, y compris des documents spécialement déclassifiés et un compte rendu officiel de l’ancien chef des services de renseignement israéliens, fustigant la performance des services de sécurité ouest-allemands.

La police “n’a même pas fait le moindre effort pour sauver des vies humaines”, a déclaré à l’époque l’ancien chef du Mossad, Zvi Zamir, après son retour de Munich.

Pendant des années après la tragédie, les proches des victimes se sont battus pour obtenir des excuses officielles de l’Allemagne, l’accès aux documents officiels et une indemnisation appropriée.

Immédiatement après, on ne leur a offert qu’un million de deutschemarks (510 000 €) dans ce qui a été décrit comme un “geste humanitaire” afin que cela ne soit pas considéré comme un aveu de culpabilité.

Une compensation financière supplémentaire a été fournie en 2002, mais toujours une fraction de ce que réclamaient les familles des victimes.

“Je suis rentré avec les cercueils après le massacre”, a déclaré Spitzer. “Vous ne savez pas ce que nous avons traversé au cours des 50 dernières années.”

Les responsables allemands ont reconnu que l’accord de mercredi n’était que le début d’un long chemin pour réparer les torts des dernières décennies.

“Après 50 ans, les conditions ont été créées pour enfin aborder un chapitre douloureux de notre histoire commune, en le reconnaissant et en jetant les bases d’une nouvelle et vivante culture du souvenir”, a déclaré le porte-parole du gouvernement Steffen Hebestreit dans un communiqué.

Par Ralf Isermann avec Hui Min Neo à Berlin

To Top