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Espagne

Comment les allégations de logiciels espions empoisonnent les liens de l’Espagne avec les séparatistes catalans

Comment les allégations de logiciels espions empoisonnent les liens de l'Espagne avec les séparatistes catalans

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez (L) et le président régional catalan Pere Aragonès tiennent une réunion au palais de la Generalitat à Barcelone le 15 septembre 2021. Photo : Lluis Gené/AFP

Le groupe canadien Citizen Lab a déclaré lundi qu’au moins 65 personnes liées au mouvement séparatiste catalan avaient été la cible du logiciel espion Pegasus à la suite de l’échec d’une tentative d’indépendance en 2017.

Les élus, y compris les dirigeants régionaux catalans actuels et anciens, faisaient partie des personnes ciblées par le logiciel espion controversé créé par le groupe israélien NSO.

Citizen Lab, qui se concentre sur les violations des droits de l’homme de haute technologie, a déclaré qu’il ne pouvait pas attribuer directement les opérations d’espionnage, mais que des preuves circonstancielles pointaient vers les autorités espagnoles.

Mais le dirigeant catalan, Pere Aragonès, a déclaré mercredi que “vous n’avez pas besoin d’être Sherlock Holmes” pour pointer du doigt le service de renseignement espagnol, connu sous le nom de CNI.

“Nous soupçonnons depuis longtemps d’être la cible des services de renseignement de l’Etat”, a-t-il ajouté lors d’un entretien avec la radio catalane RAC1.

La Catalogne, dans le nord-est de l’Espagne, est depuis plusieurs années au centre d’une crise politique entre les séparatistes, qui contrôlent l’exécutif et le parlement régional, et le gouvernement central de Madrid.

Pegasus infiltre silencieusement les téléphones portables pour extraire des données ou activer une caméra ou un microphone pour espionner leurs propriétaires.

Le groupe NSO, propriétaire de Pegasus, affirme que le logiciel n’est vendu qu’aux agences gouvernementales pour cibler les criminels et les terroristes, avec le feu vert des autorités israéliennes.

La société a été critiquée par des groupes mondiaux de défense des droits pour avoir violé la vie privée des utilisateurs dans le monde entier et elle fait face à des poursuites judiciaires de la part de grandes entreprises technologiques telles qu’Apple et Microsoft.

Le gouvernement espagnol a nié avoir espionné illégalement les dirigeants indépendantistes catalans, mais n’a pas précisé si les services secrets avaient entrepris une surveillance électronique approuvée par le tribunal.

La ministre de la Défense, Margarita Robles, qui supervise l’appareil de renseignement du pays, a déclaré que toutes les actions menées par le CNI « sont soumises à un contrôle et à une autorisation judiciaires ».

Mais elle ne dirait pas si le CNI a accès à Pegasus, affirmant que ces informations sont protégées par la loi et classifiées.

“Je ne peux pas confirmer s’il l’a ou non, car je violerais la loi”, a-t-elle déclaré lors d’une interview à la télévision publique espagnole.

(De L) Les séparatistes catalans Raul Romeva, Jordi Turull, Jordi Cuixart Oriol Junqueras, Joaquim Forn, Jordi Sánchez et Josep Rull quittent la prison de Lledoners le 23 juin 2021 à Sant Joan de Vilatorrada. – L’Espagne a gracié les séparatistes catalans emprisonnés derrière une tentative d’indépendance ratée en 2017 dans le but de sortir de l’impasse sur la crise politique dans cette riche région du nord-est. (Photo de Josep LAGO / AFP)

“Besoin de garanties”

Le quotidien espagnol El País a rapporté que CNI avait payé 6 millions d’euros (6,5 millions de dollars) pour que Pegasus l’utilise en dehors de l’Espagne, et les séparatistes catalans soupçonnent qu’ils ont été espionnés dans divers pays européens.

Des politiciens et militants séparatistes catalans ont annoncé mardi une offensive judiciaire dans plusieurs pays contre l’Espagne et le groupe NSO.

Aragonès a qualifié les explications données jusqu’ici par le gouvernement central d'”insuffisantes” et a averti que la “stabilité parlementaire” pourrait prendre fin à moins qu’il ne prenne ses responsabilités.

Son propre téléphone faisait partie de ceux qui auraient été ciblés par Pegasus lors de son précédent poste de vice-président de la Catalogne.

Le gouvernement minoritaire de gauche de Sánchez s’appuie sur le parti séparatiste catalan ERC, dirigé par Aragonès, pour faire passer la législation au parlement.

Aragonès a déclaré jeudi à la radio d’information Ser qu’il avait échangé des messages avec Sánchez pour organiser une réunion afin de discuter de l’espionnage présumé.

“C’est grave, nous avons besoin de garanties que cela ne se produit pas maintenant et que cela ne se produira pas à l’avenir”, a-t-il ajouté.

Mais Oriol Bartomeus, politologue à l’Université autonome de Barcelone, a déclaré que cette affaire était peu susceptible d’enflammer la base séparatiste catalane.

“La base indépendantiste montre une fatigue croissante depuis un certain temps déjà, depuis 2019. Du coup, des épisodes comme celui-ci produisent de moins en moins de réactions”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Les sondages montrent que le soutien à l’indépendance a diminué depuis l’échec de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.

Une enquête publiée en mars par le Centre d’études d’opinion du gouvernement catalan a révélé que 53,3 % des personnes interrogées étaient contre l’indépendance, contre 38,8 % pour.

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