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Suisse

Référendum suisse : Les électeurs bâlois accorderont-ils des droits humains aux primates ?

Bâle se prononcera sur l'octroi d'une série de droits fondamentaux aux primates, dont certains s'apparentent aux droits de l'homme. Photo : Fabrice COFFRINI / AFP

Bâle votera sur l’octroi d’une série de droits fondamentaux aux primates, dont certains s’apparentent aux droits de l’homme. Photo : Fabrice COFFRINI / AFP

Le vote dans le canton de Bâle-Ville, qui abrite la ville du même nom et l’un des zoos les plus connus d’Europe, est suivi de près par les défenseurs des animaux.

Le vote s’inscrit dans une longue série de référendums sur les droits des animaux en Suisse.

Une autre votation nationale sur l’expérimentation animale aura lieu dimanche, tandis que la première votation de l’histoire de la Suisse concerne le bien-être des animaux.

Donner aux primates leur “intégrité”.

Déclenchée par le groupe de campagne Sentience dans le cadre du système suisse de démocratie directe, la votation régionale porte sur l’octroi aux primates du droit à la vie et du droit à “l’intégrité mentale et physique”.

“C’est la première fois dans le monde que les gens peuvent voter sur les droits fondamentaux des animaux non humains”, affirme le groupe.

Le groupe bâlois Sentience affirme que les primates sont très intelligents, qu’ils ont une vie sociale active et qu’ils ressentent la douleur, le chagrin et la compassion.

Cependant, ils ne peuvent pas se défendre contre les interventions dans leur vie – l’homme doit donc prendre ses responsabilités et leur accorder des droits, affirme Sentience.

Le groupe affirme que quelque 150 primates vivent dans le canton, qui borde la France et l’Allemagne.

Contestation juridique

En 2020, la Cour suprême de Suisse a jugé qu’un vote public sur le sujet était valide, rejetant un appel.

Elle a constaté que la proposition n’étendait pas les droits fondamentaux aux animaux – mais introduisait plutôt des droits spécifiques pour les primates non humains.

Cependant, elle a déclaré que la proposition ne lierait que les autorités cantonales et municipales de la troisième plus grande ville de Suisse, et “pas directement les personnes privées”.

L’impact sur les institutions de recherche privées, et sur le zoo de Bâle – aux mains d’actionnaires familiaux – serait donc limité.

Et, selon le tribunal, les autorités locales et leurs organismes publics ne possèdent pas de primates.

L’établissement du droit

Le vote est “une déclaration d’intention pour que les primates vivent dans de meilleures conditions”, a déclaré Pedro Pozas, le directeur espagnol du Projet Grands Singes, un mouvement international qui réclame un ensemble de droits.

Les défenseurs des animaux estiment que le vote est hautement symbolique. Sa portée pourrait être très large, a déclaré Steven Wise, un avocat américain spécialisé dans les droits des animaux.

Le vote “donnerait certains droits aux primates, qui devraient faire l’objet de litiges pour savoir de quels droits il s’agit”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Wise a déclaré que la proposition soulève plusieurs questions, notamment qui plaiderait la cause d’un primate au tribunal si ses droits étaient violés ?

Si le vote est adopté, les tribunaux suisses ne seraient pas les premiers à entendre de tels cas.

En 2017 en Argentine, un tribunal a accordé à une femelle chimpanzé le droit de ne pas être emprisonnée sans procès, en vertu de l’habeas corpus. Il s’agissait du premier chimpanzé au monde à bénéficier de ce droit.

Wise a déclaré que le mouvement de défense des droits des animaux tentait de “franchir la barrière” limitant l’étendue de l’application des droits.

Il a comparé la situation aux batailles précédentes pour étendre les droits parmi les humains, citant les enfants, les femmes ou les minorités raciales.

Pozas a déclaré que les Nations Unies devraient également faire une déclaration sur les droits des grands singes.

Question de l’euthanasie

Alors que la nouvelle loi proposée ne concernerait que les primates détenus par des organismes publics, Olivier Pagan, membre du conseil d’administration du zoo de Bâle, craint un effet de contagion sur ses primates.

“Si l’initiative était adoptée, l’examen de leur bien-être et de leur sécurité ne relèverait plus de biologistes, de vétérinaires et de soigneurs expérimentés, mais d’un médiateur… voire d’avocats non qualifiés”, a-t-il déclaré.

Lorsqu’un primate souffre gravement, il pourrait être impossible de mettre fin à ses souffrances, en vertu de la clause du droit à la vie.

Fabia Wyss, vétérinaire du zoo, a déclaré : “Si l’initiative est adoptée et si je décide d’endormir l’animal, je me mets hors la loi”.

“Mais en laissant un animal souffrir inutilement, je suis tout aussi coupable”.

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