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Suisse

Les vagues de chaleur ferment les itinéraires classiques de randonnée des Alpes suisses et italiennes

La canicule ferme les itinéraires classiques de randonnée des Alpes suisses et italiennes.

Un certain nombre d’itinéraires de randonnée classiques dans les Alpes suisses et italiennes ont été fermés en raison des risques liés à la fonte des glaciers et au dégel du permafrost. Photo d’archive : OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP

Habituellement, au plus fort de l’été, les touristes affluent dans les Alpes et recherchent des sentiers bien tracés menant à certains des sommets les plus emblématiques d’Europe.

Mais avec le réchauffement des températures qui accélère la fonte des glaciers et le dégel du permafrost – qui, selon les scientifiques, sont dus au changement climatique – les itinéraires qui sont habituellement sûrs à cette époque de l’année sont désormais confrontés à des dangers tels que des chutes de pierres libérées par la glace.

“Actuellement dans les Alpes, il y a des avertissements pour une douzaine de sommets, dont certains emblématiques comme le Cervin et le Mont Blanc”, a déclaré à l’AFP Pierre Mathey, responsable de l’association suisse des guides de montagne.

Cette situation se produit beaucoup plus tôt dans la saison que d’habitude, a-t-il ajouté.

“Habituellement, nous voyons de telles fermetures en août, mais maintenant elles ont commencé à la fin du mois de juin et se poursuivent en juillet”.

Les guides alpins qui conduisent habituellement des milliers de randonneurs vers le plus haut sommet d’Europe ont annoncé en début de semaine qu’ils suspendaient les ascensions sur les itinéraires les plus classiques du Mont Blanc, qui chevauche la France, l’Italie et la Suisse.

Le Guide Alpin Italien a déclaré sur sa page Facebook que les “conditions particulièrement délicates” causées par le pic de température ont nécessité de “reporter les ascensions”.

Les guides de montagne se sont également abstenus – apparemment pour la première fois depuis un siècle – de proposer des excursions sur l’itinéraire classique de la Jungfrau, en Suisse.

Et ils ont déconseillé les excursions le long des itinéraires, tant sur le versant italien que suisse, de l’imposant sommet pyramidal du Cervin.

Ezio Marlier, président de l’association des guides du Val d’Aoste, a déclaré que le fait de devoir éviter les itinéraires les plus convoités par les touristes était un coup dur après les ralentissements du Covid.

“Ce n’est pas facile (…) après deux saisons presque vides de décider d’arrêter le travail”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Il a souligné que la région alpine italienne n’en avait fermé que deux et qu’il existait de nombreuses autres routes à couper le souffle et sûres à emprunter.

Mais il a déploré que de nombreuses personnes aient tout simplement annulé leur voyage lorsqu’elles ont appris que leur itinéraire préféré était interdit.

“Il y a beaucoup d’autres choses à faire, mais généralement, quand les gens veulent le Mont Blanc, ils veulent le Mont Blanc”.

L’escalade sur certains des milliers de glaciers qui parsèment la plus grande chaîne de montagnes d’Europe s’avère également plus délicate.

“Les glaciers sont dans un état qu’ils ont habituellement à la fin de l’été ou même plus tard”, a déclaré Andreas Linsbauer, un glaciologue de l’Université de Zurich.

“Il est certain que nous allons battre le record des fontes négatives”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Il a déclaré qu’une combinaison de facteurs contribuait à un été “vraiment extrême”, à commencer par des chutes de neige exceptionnellement faibles l’hiver dernier, ce qui signifie qu’il y avait moins de protection pour les glaciers.

Du sable a également soufflé du Sahara au début de l’année, assombrissant la neige, ce qui la fait fondre plus rapidement.

Et puis la première vague de chaleur a frappé l’Europe en mai, suivie par d’autres en juin et juillet, faisant grimper les températures même en haute altitude.

La fonte rapide peut rendre les glaciers plus dangereux, comme on l’a vu avec l’effondrement soudain du glacier italien Marmolada, jusqu’alors apparemment inoffensif, au début du mois, qui a fait 11 morts lorsque de la glace et des rochers ont dévalé la montagne.

Bien que les scientifiques n’aient pas encore tiré de conclusions claires sur la cause de la catastrophe, une théorie veut que l’eau de fonte ait atteint le point où le glacier était gelé sur la roche, relâchant ainsi son emprise.

Mylene Jacquemart, chercheuse sur les glaciers et les risques de montagne à l’université ETH de Zurich, a déclaré à l’AFP qu’il y avait beaucoup d’inconnues sur la catastrophe.

“Mais le thème général est définitivement que plus d’eau de fonte… rend les choses compliquées et potentiellement plus dangereuses”.

Mathey, qui a déclaré que les températures plus chaudes avaient mis les guides de montagne en état d’alerte, s’est également inquiété du fait que l’eau de fonte filtrant sous un glacier constituait une “menace supplémentaire et invisible”.

Mais malgré les défis, il s’est dit confiant que les guides trouveraient des solutions, en cherchant des itinéraires alternatifs pour continuer à montrer les splendeurs des Alpes.

“La résilience est vraiment dans l’ADN des guides de montagne”, tout comme la capacité d’adaptation, a-t-il déclaré.

“Les humains doivent s’adapter à la nature et à la montagne, et non l’inverse”.

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