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Suisse

EXPLIQUE : En quoi consiste le référendum sur la publicité pour le tabac en Suisse ?

Une affiche de campagne encourage les gens à soutenir le vote contre la publicité sur le tabac, disant en français

Une affiche de campagne encourage les gens à soutenir le vote contre la publicité pour le tabac, disant en français “enfants sans tabac”. Valentin FLAURAUD / AFP

Les Suisses voteront dimanche sur l’opportunité de renforcer leurs lois notoirement laxistes sur le tabac en interdisant pratiquement toute publicité pour les produits dangereux pour la santé.

La Suisse est loin derrière la plupart des pays riches en matière de restriction de la publicité sur le tabac – une situation largement imputée au lobbying intense de certaines des plus grandes compagnies de tabac au monde, dont le siège est dans le pays.

Actuellement, la plupart des publicités pour le tabac restent légales au niveau national, sauf à la télévision et à la radio, ou les publicités qui ciblent spécifiquement les mineurs.

Alors que certains cantons suisses ont introduit une législation régionale plus stricte et qu’une nouvelle loi nationale est en attente, les militants insistent sur le fait que des restrictions beaucoup plus strictes sont nécessaires pour empêcher les jeunes de tomber dans la dépendance au tabac.

Dans le cadre du système suisse de démocratie directe, les militants ont recueilli suffisamment de signatures pour appeler à un vote populaire leur initiative d’interdire la publicité pour les produits du tabac partout où les mineurs pourraient la voir.

Des sondages récents indiquent qu’une majorité significative d’électeurs sont favorables à l’initiative, qui dans la pratique interdirait effectivement toute publicité pour le tabac.

Mais s’il peut être facile de gagner la majorité des voix, il pourrait être plus difficile de gagner suffisamment de 26 cantons suisses pour obtenir la double majorité nécessaire à l’adoption de l’initiative.

‘Extrême’

Les opposants à l’initiative, dont le gouvernement et le parlement suisses, disent qu’elle va trop loin.

“Cette initiative est extrême”, a déclaré Patrick Eperon, lobbyiste d’une organisation patronale et porte-parole de la campagne “Non”.

En interdisant pratiquement toute publicité sur le tabac au nom de la protection des enfants, “elle infantilise les adultes”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Ses préoccupations font écho à celles exprimées par Philip Morris International (PMI), la plus grande société de tabac au monde, qui, comme British American Tobacco et Japan Tobacco, a son siège en Suisse.

“C’est une pente glissante en ce qui concerne la liberté individuelle”, a déclaré à l’AFP un porte-parole de la section suisse de PMI.

Cela “ouvre la voie à de nouvelles interdictions de publicité sur des produits tels que l’alcool ou le sucre”, a-t-il déclaré, reconnaissant que l’entreprise avait financé la campagne “Non”.

L’argument de la pente glissante figure en bonne place dans les publicités contre l’initiative, qui présentent une grosse saucisse barrée, suggérant que les publicités pour la viande pourraient également bientôt être sur le billot.

Jean-Paul Humair, qui dirige un centre genevois de prévention des addictions et porte-parole de la campagne du « Oui », a catégoriquement rejeté cette comparaison.

“Aucun autre produit de consommation ne tue la moitié des utilisateurs”, a-t-il déclaré à l’AFP.

« Énorme fardeau »

Le tabac tue chaque année plus de huit millions de personnes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé.

La Suisse, un pays de 8,6 millions d’habitants, enregistre chaque année 9 500 décès liés au tabac, tandis que des centaines de milliers de personnes souffrent de maladies chroniques dues au tabagisme.

“C’est un énorme fardeau pour le système de santé”, a déclaré Luciano Ruggia, directeur de l’Association suisse de lutte antitabac.

Lui et d’autres accusent le lobbying intense de l’industrie du tabac d’avoir contrecarré les efforts visant à faire baisser le taux de tabagisme.

Actuellement, environ 27% des adultes suisses consomment des produits du tabac, soit plus du double du taux en Australie, qui applique depuis longtemps des lois beaucoup plus strictes sur la publicité pour le tabac.

“La Suisse est vraiment à la traîne par rapport aux autres pays à revenu élevé”, a déclaré Mary Assunta de l’organisme mondial de surveillance de l’industrie du tabac STOP, attribuant cela à “l’environnement plutôt propice aux sociétés transnationales du tabac”.

L’industrie contribue chaque année environ six milliards de francs suisses (6,5 milliards de dollars, 5,7 milliards d’euros) à l’économie – un pour cent du produit intérieur brut de la Suisse – et représente quelque 11 500 emplois.

Superflu?

Les opposants à l’initiative soutiennent que l’interdiction de publicité demandée est superflue, car une nouvelle loi plus stricte sur le tabac doit entrer en vigueur l’année prochaine.

Cette loi, que les législateurs suisses ont votée en septembre dernier après des années de débat, fixe pour la première fois un âge minimum national de 18 ans pour l’achat de tabac.

Il renforce également les restrictions nationales en matière de publicité sur le tabac, notamment en l’interdisant sur les panneaux d’affichage et dans les cinémas.

Mais les militants de la prévention du tabac insistent sur le fait que la nouvelle loi ne fait pas grand-chose pour améliorer le dernier classement de la Suisse en Europe en termes de restrictions de la publicité sur le tabac.

“Malheureusement, la nouvelle loi laissera la Suisse dans cette dernière position”, a déclaré à l’AFP Pascale Diethelm, responsable du groupe antitabac OxyRomandie.

“C’est une moquerie.”

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