Des chiens aident l’opérateur ferroviaire allemand à repérer les espèces protégées

Au bord d’une voie ferrée dans la banlieue de Francfort, le cocker Monte renifle le sol avec enthousiasme, ses longues oreilles poilues flottant autour de son nez.

Lorsqu’il trouve ce qu’il cherche, il s’arrête docilement, s’assoit et est ravi de recevoir une friandise de son dresseur.

Monte est l’un des six chiens dressés par la compagnie ferroviaire allemande Deutsche Bahn pour identifier la présence d’espèces protégées sur des sites de construction potentiels.

Les chiens “peuvent nous conduire directement là où se trouvent les animaux” et peuvent travailler toute l’année, quelles que soient les conditions météorologiques, explique Jens Bergmann, directeur des projets d’infrastructure à la filiale réseau de la Deutsche Bahn.

Finya, Fenna, Storm, Eskil, Monte et Whisper utilisent leur sens aigu de l’odorat pour renifler les serpents, crapauds, chauves-souris, lézards et autres créatures dont la présence pourrait gêner l’avancement des travaux de construction.

“La loi nous oblige à identifier la présence éventuelle d’espèces protégées”, explique M. Bergmann.

“Nous devons ensuite soit les protéger sur place, soit leur trouver un nouvel habitat”.

Sans les chiens, ce processus peut prendre jusqu’à un an aux spécialistes. Mais leur présence à bord réduit le délai à moins de deux mois, et est beaucoup moins invasive.

Cela évite également “la mauvaise surprise de trouver des animaux alors que les machines sont déjà là”, explique Kathleen Spittel-Schnell, l’une des dresseuses de chiens.

“Cela peut entraîner des retards supplémentaires dans le projet ou, pire encore, l’arrêt complet de la construction”, explique Mme Spittel-Schnell, qui est également employée par le groupe ferroviaire en tant que spécialiste des espèces protégées.

Lézards et serpents

Le magnat de la voiture électrique Elon Musk ne le sait que trop bien – l’année dernière, Tesla a été contraint de suspendre les travaux de construction de son usine prévue à l’extérieur de Berlin en raison de préoccupations concernant des lézards et des serpents protégés.

La Deutsche Bahn a déjà relocalisé quelque 12 000 animaux en voie de disparition depuis 2010.

Dans le cadre de leur entraînement, les chiens se voient présenter un grand récipient métallique percé de trous, un peu comme un porte-bouteille. Derrière l’un de ces trous se trouve l’odeur d’une espèce menacée.

Le Golden Retriever Whisper chatouille les trous avec son museau avant de plonger son nez dans l’un d’eux.

Monte n’a qu’un an mais il sait déjà ce qu’il doit faire s’il trouve un animal protégé : ne mets pas tes pattes ou ton museau dessus. Il suffit de s’asseoir et d’attendre sa récompense.

Si les chiens sont utilisés comme technique de surveillance depuis des décennies, “ce n’est que récemment qu’ils ont suscité une attention sérieuse de la part des écologistes du monde entier”, selon une étude publiée en mars dans la revue britannique Methods in Ecology and Evolution.

Les chiens sont déjà utilisés pour détecter les animaux sauvages aux États-Unis, ainsi que pour identifier les espèces menacées ou des articles tels que l’ivoire passant illégalement à la douane.

Par Yann SCHREIBER