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Italie

Une dispute sur la construction illégale en Italie après le glissement de terrain meurtrier d’Ischia

Une dispute sur la construction illégale en Italie après le glissement de terrain meurtrier d'Ischia

Voitures endommagées sur la plage de Casamicciola le 27 novembre 2022, suite à un glissement de terrain sur l’île d’Ischia, dans le sud de l’Italie. Photo par Eliano IMPERATO / AFP

Onze personnes sont mortes et une femme est toujours portée disparue samedi après qu’une vague de boue et de débris a balayé la petite ville de Casamicciola Terme, à la suite de fortes pluies sur l’île luxuriante au large de Naples.

Mais les experts environnementaux ont depuis insisté sur le fait que la tragédie était “prévisible”.

WWF Italia, l’organisation environnementale, a déclaré que le glissement de terrain avait “des causes et des responsabilités spécifiques”.

Elle a mis en cause la “gestion répétée et irresponsable du territoire de l’île qui, avec l’accélération des effets du changement climatique en cours, est désormais devenue une bombe amorcée et prête à exploser”.

“Cela ressemble à de l’hypocrisie de pleurer les victimes de ces derniers jours, alors que nous continuons à construire là où nous ne devrions pas.”

Les experts disent que la construction illégale et légale, combinée à la déforestation, réduit la capacité du sol à absorber de grandes quantités d’eau.

L’issue de abusif les bâtiments érigés sans autorisation sont un problème répandu dans toute l’Italie.

Le ministre de la protection civile, Nello Musumeci, a reconnu cette semaine que “le problème triste et généralisé de la construction illégale” est un sujet qui “ne peut plus être évité”.

Mais Ischia, une île d’origine volcanique qui a subi un tremblement de terre meurtrier en 2017, est particulièrement vulnérable.

Quelque « 49 % du territoire d’Ischia est classé comme présentant un risque élevé ou très élevé de glissement de terrain… avec plus de 13 000 personnes vivant dans ces zones », a déclaré le ministre de l’Environnement, Gilberto Pichetto.

Selon le dernier rapport de l’Institut italien pour la protection et la recherche environnementales (ISPRA), 93,9 % des communes italiennes sont menacées de glissements de terrain, d’inondations ou d’érosion côtière.

« Il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste pour comprendre que les constructions illégales ne peuvent être tolérées, car elles constituent un multiplicateur de risques qui va bien au-delà des personnes qui y vivent », a déclaré le WWF.

Face à des constructions non autorisées, les gouvernements italiens successifs ont souvent répondu par des amnisties, même si le processus bureaucratique est souvent si long et compliqué qu’il peut prendre des années avant qu’une décision ne soit prise.

L’effort de sauvetage et de nettoyage à Casamicciola, Ischia, après un glissement de terrain mortel a frappé le week-end dernier. (Photo par Eliano IMPERATO / AFP)

Rien qu’à Ischia, quelque 27 000 demandes d’amnistie ont été déposées ces dernières années, selon les médias italiens.

Et quand vient enfin l’ordre de démolir un bâtiment illégal, ses habitants trouvent souvent des moyens de l’éviter.

Dans un cas, les occupants d’une maison condamnée ont amené des enfants de toute leur famille dans le bâtiment, car la présence de mineurs annule l’ordre, a déclaré le procureur à la retraite de Naples, Aldo De Chiara, au journal La Stampa.

Le procureur, spécialisé dans la lutte contre les constructions illégales, a indiqué que dans d’autres affaires, “lorsque les policiers arrivent, ils trouvent dans les pièces illégales, que ce soit la véranda ou le salon, des patients sous perfusion comme dans une clinique suisse”.

Cependant, d’autres voient la construction illégale comme un bouc émissaire.

“Quand il y a un glissement de terrain dans le nord de l’Italie, on parle de changement climatique, quand c’est dans le sud, on parle de construction illégale”, a déclaré Sergio Piro, qui gère trois hôtels à Ischia, dont un à Casamicciola Terme.

“C’est vrai qu’il y a des constructions illégales, mais en l’occurrence c’est une partie de la montagne qui s’est détachée parce qu’il n’y avait pas eu de travaux de prévention, notamment de canaux de drainage”, explique à l’AFP l’homme de 47 ans.

Maisons au bord du glissement de terrain à Casamicciola. Photo par Eliano IMPERATO / AFP

Il a noté que d’autres parties de l’île n’étaient pas aussi touchées après le mauvais temps du week-end dernier.

Le torrent de boue est passé à quelques centaines de mètres (yards) de la maison de Piro : “J’ai entendu un bruit énorme quand ce torrent de roches et de terre a frappé les premières maisons.”

Pendant ce temps, le ministre de l’Environnement Gilberto Pichetto Fratin a suscité la controverse lundi en suggérant que les maires devraient être emprisonnés pour des travaux de construction illégaux dans leurs villes.

“Mettre en prison le maire et tous ceux qui le permettent suffirait (pour arrêter la construction illégale en Italie)”, a déclaré le ministre à la radio Rtl 102.5.

“Les maires ne doivent pas les laisser construire (illégalement)”.

Le commentaire a reçu un contrecoup instantané, ont rapporté les médias italiens, le maire de Bari, Antonio Decaro, menant la critique.

“Le commentaire du ministre Pichetto Fratin sur la tragédie d’Ischia, alors que la recherche des disparus se poursuit et que les victimes sont toujours comptées, est un acte d’une vulgarité inacceptable et dénote une grave ignorance du sujet”, a déclaré Decaro.

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