Un tribunal britannique ouvre la voie à l’affaire de harcèlement de l’ex-roi d’Espagne.

Les avocats de l’ancien chef d’Etat, âgé de 84 ans, avaient soutenu devant la High Court en décembre dernier que les tribunaux anglais n’étaient pas compétents pour entendre l’affaire portée par Corinna zu Sayn-Wittgenstein-Sayn.

La femme d’affaires danoise, âgée de 58 ans, demande des dommages et intérêts pour préjudice corporel, alléguant qu’elle a été menacée, que ses propriétés à l’étranger ont été cambriolées et qu’elle a été espionnée après que leur relation a tourné au vinaigre.

Ses avocats ont à leur tour fait valoir qu’il était à l’abri de la juridiction des tribunaux anglais et que toute allégation devait être portée devant la Cour suprême d’Espagne.

Mais le juge Matthew Nicklin n’était pas d’accord, déclarant que “quel que soit le statut spécial que le défendeur a conservé en vertu de la loi et de la constitution de l’Espagne, il n’était plus un “souverain” ou un “chef d’État” de manière à lui donner droit à une immunité personnelle”.

Juan Carlos, basé à Abu Dhabi, n’est pas non plus “un membre du ‘ménage'” de son fils, l’actuel roi d’Espagne Felipe VI, ce qui lui confère une protection juridique, a-t-il ajouté.

“L’effet de la décision du tribunal est que l’action civile intentée par le demandeur sera autorisée à se poursuivre”, indique un résumé du jugement.

L’avocat Robin Rathmell, représentant zu Sayn-Wittgenstein-Sayn, a déclaré que le jugement montrait que Juan Carlos “ne peut pas se cacher derrière sa position, son pouvoir ou ses privilèges pour éviter cette plainte”.

Il est maintenant “responsable devant un tribunal anglais… en tant que personne privée”.

Juan Carlos, mentionné dans les documents judiciaires sous son nom complet – Juan Carlos Alfonso Victor Maria De Borbon y Borbon – nie vigoureusement les allégations.

Les mémoires affirment que le roi, qui a régné de 1975 jusqu’à son abdication en 2014, a entretenu une “relation romantique intime” avec zu Sayn-Wittgenstein-Sayn de 2004 à 2009.

Le roi l’a comblée de cadeaux, même après leur rupture. Mais la situation s’est dégradée lorsqu’elle a refusé de raviver la relation, ce qui l’a conduit à adopter une “conduite assimilable à du harcèlement”, selon les allégations.

En plus des menaces, des effractions et de la surveillance, Juan Carlos a “exigé le retour de cadeaux” et, selon elle, elle a subi “une intrusion et des dommages criminels” à son domicile dans le centre rural de l’Angleterre.

Des coups de feu ont été tirés et des caméras de sécurité endommagées à la porte d’entrée de la propriété, a-t-elle allégué, accusant l’ancien roi d’être furieux de ses refus.