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RÉVÉLÉ: Les pays craignent que les voyageurs non européens ne subissent des retards dans le cadre des nouveaux contrôles aux frontières de l’EES

RÉVÉLÉ: Les pays craignent que les voyageurs non européens ne subissent des retards dans le cadre des nouveaux contrôles aux frontières de l'EES

Une photo montre “Parafe”, un contrôle automatisé des passeports aux frontières de l’aéroport d’Orly, près de Paris, le 6 juillet 2018. (Photo par ERIC PIERMONT / AFP)

Les pays Schengen renforcent la sécurité aux frontières extérieures avec l’introduction d’un nouveau système numérique (EES) pour enregistrer l’entrée et la sortie des citoyens non européens en mai 2023.

L’EES permettra la numérisation automatique des passeports en remplacement du tampon manuel par les gardes-frontières. Il enregistrera le nom de la personne, le type de document de voyage, les données biométriques (empreintes digitales et images faciales) ainsi que la date et le lieu d’entrée et de sortie. Les données seront conservées dans une base de données centralisée sur une base triennale glissante et réinitialisée à chaque saisie.

L’objectif de l’EES est d’accroître la sécurité aux frontières, y compris l’application de la limite de séjour de courte durée de 90 jours pour les touristes et les visiteurs. Les citoyens de l’UE et qui résident dans un pays de l’espace Schengen ne seront pas soumis à ces contrôles.

Mais compte tenu de son ampleur, l’entrée en service du système a soulevé des inquiétudes sur de nombreux fronts, notamment l’état de préparation de l’infrastructure physique et numérique et le temps requis pour les contrôles aux frontières, ce qui pourrait par la suite entraîner des files d’attente massives aux frontières.

Un document sur l’état des préparatifs a été distribué la semaine dernière par le secrétariat du Conseil de l’UE (l’institution de l’UE représentant les États membres) et publié par Statewatch, une organisation à but non lucratif qui surveille les libertés civiles.

Le document contient les réponses de 21 États membres (sur 26) à un questionnaire sur les impacts potentiels sur les flux de passagers, les infrastructures mises en place et la possibilité d’une introduction progressive du nouveau système sur plusieurs mois.

C’est ce que certains pays ont répondu. Les réponses du Danemark, de l’Espagne et de la Suède ne figurent pas dans le rapport, mais les réponses des autres pays seront pertinentes pour les lecteurs de ces pays.

“Délai de traitement doublé”

L’Autriche et l’Allemagne sont les plus virulentes pour avertir que les délais de traitement des passeports augmenteront lorsque l’EES deviendra opérationnel.

“Les tâches supplémentaires résultant du règlement EES entraîneront une forte augmentation des délais de traitement”, qui devraient “doubler par rapport à la situation actuelle”, selon les autorités autrichiennes. “Cela affectera également les temps d’attente aux points de passage frontaliers (en Autriche, les six aéroports internationaux)”, poursuit le document.

“De plus, le contrôle aux frontières deviendra plus compliqué car en plus de la distinction entre les personnes exemptées de visa et les personnes soumises à l’obligation de visa, nous devrons également faire la différence entre les TCN soumis à l’EES et exemptés de l’EES. [third country nationals]ainsi qu’entre les TCN enregistrés et non enregistrés dans l’EES », notent les responsables autrichiens.

Sur la base d’une analyse du trafic passagers réalisée avec l’industrie aéronautique, les autorités allemandes estiment que les temps de contrôle vont “augmenter significativement”.

La France s’attend à être prête pour la mise en place de l’EES « en termes de parcours voyageurs, de formation et de dispositifs nationaux », mais admet que « la fluidité reste un souci » et « les discussions se poursuivent… pour avancer sur ce point ».

L’Italie “adapte également les processus opérationnels aux frontières… afin de contenir l’augmentation du temps de traitement et d’assurer à la fois la sûreté et la sécurité”.

“Malgré de nombreux arguments en faveur de l’introduction de systèmes automatisés de contrôle aux frontières basés sur le besoin d’efficacité, le document indique clairement que l’EES augmentera considérablement les temps de passage des frontières”, affirme Statewatch.

“Un service stable peu probable d’ici mai 2023”

L’infrastructure frontalière est également en cours d’adaptation pour la collecte et l’enregistrement des données, plusieurs pays prévoyant des contrôles automatisés. Alors qu’est-ce qui va changer dans la pratique ?

La France mettra en place des bornes libre-service dans les aéroports, où les ressortissants de pays tiers pourront pré-enregistrer leurs données biométriques et leurs informations personnelles avant d’être dirigés vers la cabine pour vérification avec le garde-frontière. La même approche sera adoptée pour les visiteurs arrivant en bus, tandis que des tablettes telles que des iPads seront utilisées pour l’enregistrement des passagers en voiture aux frontières terrestres et maritimes.

L’Allemagne prévoit également d’installer des bornes libre-service dans les aéroports pour “pré-capturer” les données biométriques avant les contrôles aux frontières. Mais étant donné le peu de temps pour tester le processus complet, les autorités allemandes affirment qu'”un système EES fonctionnel stable semble peu probable en mai 2023″.

L’Autriche a l’intention d’installer des bornes libre-service dans les aéroports de Vienne et de Salzbourg “dans le courant de 2023”. Plus tard, ceux-ci seront reliés aux portes électroniques existantes permettant un “passage frontalier entièrement automatisé”. Les autorités autrichiennes expliquent également que les exploitants d’aéroports cherchent à fournir plus d’espace pour les kiosques et les files d’attente, mais les travaux ne seront pas terminés avant que le système ne soit opérationnel.

L’Italie augmente “l’équipement de portes automatisées dans tous les principaux aéroports” et prévoit d’installer, au moins dans la première phase de l’EES, environ 600 bornes libre-service dans les aéroports de Rome Fiumicino, Milan Malpensa, Venise et dans ceux à “significatif volumes de trafic extra-Schengen », tels que Bergame, Naples, Bologne et Turin.

La Suisse, qui n’est pas membre de l’UE mais fait partie de l’espace Schengen, installe également des bornes libre-service pour faciliter la collecte de données. La Norvège, à la place, disposera de « solutions de caméras automatisées exploitées par les gardes-frontières », mais n’envisagera des options de libre-service qu’après la mise en service de l’EES.

Introduction progressive ?

L’une des possibilités encore à l’étude est l’introduction progressive du nouveau système. La Commission européenne a proposé une « approche progressive » qui permettrait la création de dossiers passagers « incomplets » pendant 9 mois après la mise en service de l’EES, et la poursuite du tamponnage des passeports pendant 3 mois.

Selon les réponses, l’Italie est le seul pays favorable à cette option. Pour l’Autriche et la France, cela “pourrait entraîner plus de confusion pour les gardes-frontières et les voyageurs”. Les responsables français affirment également qu’un manque de données biométriques “présentera un risque pour la sécurité de l’espace Schengen”.

La France a suggéré d’atténuer avec “flexibilité” les impacts de l’EES dans les premiers mois de sa mise en service. La France demande notamment la possibilité de ne pas créer de dossier EES pour les ressortissants de pays tiers entrés dans l’espace Schengen avant que le système ne soit opérationnel, laissant cette tâche à leur retour ultérieur.

Cela « allégerait considérablement la pression » sur les gardes-frontières « pendant les trois premiers mois après la mise en service », ont déclaré les autorités françaises.

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