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Allemagne

Qui sont les réfugiés qui arrivent en Allemagne via la Biélorussie ?

Au centre d’accueil pour réfugiés d’Eisenhuettenstadt, à la frontière allemande avec la Pologne, Siban, 19 ans, demandeur d’asile irakien, rêve de se faire une nouvelle vie après un voyage épuisant depuis le Belarus.

“Je veux vivre ici”, dit-il dans un allemand approximatif, appris grâce à quelques mois de cours en ligne.

Siban a passé huit jours à traverser la Pologne à pied pour atteindre l’Allemagne après avoir pris l’avion à Minsk depuis la Turquie.

“Je n’avais pas d’eau, pas de nourriture, il faisait froid. C’était très fatigant”, raconte-t-il à l’AFP.

Siban est l’un des plus de 6 100 migrants illégaux qui sont entrés en Allemagne via la Pologne depuis la Biélorussie depuis le début de l’année, la plupart d’entre eux étant originaires du Moyen-Orient, selon les autorités allemandes.

L’UE accuse le président biélorusse Alexandre Loukachenko de faire venir par avion des migrants du Moyen-Orient et d’Afrique à Minsk, puis de les envoyer à pied dans l’Union en représailles aux sanctions imposées à la suite de la répression de l’opposition.

Le ministre allemand de l’Intérieur, Horst Seehofer, a qualifié ce prétendu projet de “menace hybride, dans laquelle les migrants sont utilisés comme des armes politiques”.

Les migrants passent d’abord de la Biélorussie à la Pologne et aux États baltes, mais beaucoup se rendent ensuite en Allemagne, considérée comme accueillante pour les migrants après la décision d’Angela Merkel de laisser les frontières ouvertes à des centaines de milliers de personnes en 2015-16.

Une multiplication par dix

À leur arrivée en Allemagne, les migrants ne sont pas immédiatement renvoyés en Pologne, comme le prévoient les règles de l’UE, mais conduits dans des centres d’accueil pour y être enregistrés.

Le centre d’Eisenhuettenstadt a vu 10 fois plus d’arrivées cette année qu’en 2020, explique à l’AFP Olaf Jansen, responsable de l’autorité migratoire de la ville.

On a l’impression de revivre 2015, “même si nous n’avons pas les mêmes chiffres” au niveau national, dit-il.

Une douzaine de nouvelles tentes ont été montées pour accueillir les nouveaux arrivants et créer de l’espace pour les centres de dépistage Covid-19.

Environ la moitié des 1 300 demandeurs d’asile du centre sont originaires d’Irak. Les autres viennent principalement de Syrie, d’Afghanistan, d’Iran et du Yémen.

Réfugiés à la frontière polonaise
Un réfugié est assis alors que des vêtements sèchent sur le terrain du centre d’arrivée de l’installation de premier accueil de l’État est-allemand du Brandebourg à Eisenhuettenstadt. Photo : JENS SCHLUETER / AFP)

La plupart d’entre eux veulent rester en Allemagne. “Très peu d’entre eux veulent continuer le voyage vers la France ou l’Europe du Nord”, dit Jansen.

“Je veux rester en Allemagne et poursuivre mes études. C’est bien ici”, dit Rohullah, 23 ans, qui est arrivé il y a quatre jours d’Afghanistan.

Pour passer le temps, certains jouent au football entre les tentes, tandis que d’autres appellent leurs proches assis dans la cour. Tous ont des histoires de voyages épuisants à pied.

Zeidun, 22 ans, originaire de Fallujah en Irak, a marché sans interruption pendant 10 jours à travers la Pologne avant de prendre un taxi pour passer la frontière.

Contrôles frontaliers

Beaucoup ont des histoires de brutalité de la part de la police polonaise. “Ils sont dangereux. Ils frappent, et ils ont des chiens”, dit un jeune homme de 21 ans de Bagdad qui a donné son nom de Mamontzer.

Pour faire face à cet afflux, Berlin a renforcé cette semaine ses contrôles aux frontières avec la Pologne.

Sur la route d’Eisenhuettenstadt, une douzaine de policiers ont été chargés de bloquer le pont reliant la ville allemande de Francfort (Oder) et la ville polonaise de Slubice.

Les véhicules de transport de marchandises et les taxis sont régulièrement arrêtés et fouillés.

Réfugiés dans le Brandebourg
Des réfugiés sont vus sur le terrain du centre d’arrivée de l’installation de premier accueil de l’Etat est-allemand de Brandebourg à Eisenhuettenstadt. Photo : JENS SCHLUETER / AFP

L’afflux a également alimenté le mouvement anti-migration allemand, en particulier depuis que l’AfD, parti d’extrême droite, a obtenu certains de ses meilleurs résultats lors des élections générales du mois dernier dans les régions orientales du pays, à la frontière avec la Pologne et la République tchèque.

Le week-end dernier, la police a dispersé un rassemblement d’une cinquantaine d’activistes du groupe d’extrême droite radical “La troisième voie” (Der III. Weg), qui avait appelé ses membres à se réunir pour prendre des mesures contre les migrants qui cherchent à traverser la frontière depuis la Pologne.

D’autres initiatives de ce type ont également été signalées dans la Saxe voisine.

Au cours de l’opération, la police a saisi du gaz poivré, une baïonnette, une machette et des matraques.

Par Florian Cazeres

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