La foire du livre de Francfort est touchée par des débrayages dans le cadre d’un conflit avec l’extrême droite.

L’auteur noir et activiste antiraciste Jasmina Kuhnke a été la première à se retirer en début de semaine, après avoir appris que le stand de la maison d’édition Jungeuropa serait proche de l’endroit où elle allait dévoiler son roman “Black Heart”.

La société, qui se décrit comme “nouvelle droite”, est dirigée par un extrémiste de droite, Philip Stein, qui a déjà demandé l’expulsion de Kuhnke, née en Allemagne.

Ayant reçu des menaces de la part de la scène d’extrême droite dans le passé, Kuhnke a déclaré dans une déclaration qu’elle ne se sentait plus en sécurité et qu’elle trouvait “intolérable” que “les nazis reçoivent une plate-forme” à la foire.

Son appel au boycott a depuis été suivi par plusieurs autres invités alignés pour la foire de cette semaine dans l’ouest de l’Allemagne, notamment l’actrice Annabelle Mandeng, la chorégraphe et auteur Nikeata Thompson et l’influenceur Riccardo Simonetti.

Le militant des droits des personnes handicapées Raul Krauthausen a fait une apparition à la foire mardi, mais s’est retiré des événements ultérieurs par solidarité.

“Je ne peux pas et ne vais pas promouvoir mon livre dans un environnement où les femmes noires et les femmes de couleur doivent annuler leur participation à cause du danger de la droite”, a-t-il déclaré.

Dans un communiqué transmis à l’AFP, les organisateurs de la foire du livre de Francfort ont dit “regretter profondément les annulations”.

“Nous pensons qu’ils auraient envoyé un signal important avec leurs apparitions”, ont-ils déclaré.

La liberté de publier

Le directeur de la foire du livre de Francfort, Jürgen Boos, avait précédemment déclaré que la foire défendait la liberté d’expression et qu’il n’y avait aucune raison légale d’exclure l’éditeur controversé.

“Nous ne sommes pas obligés d’aimer cela, mais cela doit être possible, car la liberté d’expression et la liberté de publier sont pour nous le bien suprême”, a-t-il déclaré.

La maison d’édition Jungeuropa s’est moquée de Kuhnke sur Twitter, déclarant qu’il était “absurde” de penser que “quiconque à droite la connaîtrait ou s’intéresserait à elle”.

Les débrayages ont reçu le soutien de l’institution éducative Anne Frank, qui a déclaré que la foire contribuait à “une plus grande normalisation et à la propagation de la haine” à un moment où l’Allemagne connaît une augmentation des “attaques racistes et antisémites”.

La présence d’éditeurs d’extrême droite au rassemblement annuel de l’industrie est depuis longtemps un sujet de controverse.

Des protestations ont éclaté à la foire en 2017 lorsque Bjoern Hoecke, une figure de proue du parti d’extrême droite allemand AfD, a visité un événement organisé par la maison d’édition Antaios. Des échauffourées ont eu lieu entre les manifestants de gauche et de droite et la police a dû intervenir.

La foire de Francfort, qui est revenue en tant qu’événement en personne cette année après être devenue virtuelle en 2020 à cause de la pandémie, se termine dimanche.

Par Michelle Fitzpatrick