Connect with us

Suisse

EXPLIQUÉ : Pourquoi la Suisse n’a pas interdit les réseaux de propagande de la Russie

Le logo de la chaîne d'information publique russe Russia Today. Photo : Lionel BONAVENTURE / AFP

Le logo de la chaîne d’information publique russe Russia Today. Photo : Lionel BONAVENTURE / AFP

Dans les jours qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les autorités de l’Union européenne, des États-Unis, de l’Australie, du Royaume-Uni et d’autres pays ont interdit les réseaux d’information d’État russes, notamment Russia Today et Sputnik.

En faisant cette annonce, l’UE a déclaré qu’elle resterait en place “jusqu’à ce que la Fédération de Russie et ses médias associés cessent de mener des actions de désinformation et de manipulation de l’information contre l’UE et ses États membres”.

Cependant, à la fin du mois de mars, la Suisse n’a pas fait de même, bien que plusieurs réseaux, dont Salt, Sunrise et Swisscom, aient volontairement retiré les chaînes de leurs réseaux.

La conseillère fédérale Viola Amherd, chef du Département de la défense, de la protection civile et des sports (DDPS), a annoncé le 23 mars un plan d’interdiction des chaînes, les qualifiant de “plaque tournante de la propagande” russe.

“Après l’adoption systématique des sanctions de l’UE par la Suisse, il serait incompréhensible de rester à l’écart sur cette question importante”, a déclaré un porte-parole du département au média suisse Tamedia.

Les experts juridiques se demandent toutefois si la Suisse serait en mesure de faire respecter une telle interdiction.

Un porte-parole de l’Office fédéral de la communication (Ofcom) a déclaré à 20 Minutes que le gouvernement n’avait “aucune base légale” pour faire respecter une telle interdiction.

“Le gouvernement fédéral n’a pas de base dans la loi sur les télécommunications pour exiger le blocage de l’accès aux sites Web avec du contenu de RT ou Sputnik, mais j’ai noté que les fournisseurs individuels tels que Swisscom, Sunrise et Salt ne proposent plus les programmes concernés sur leurs plates-formes TV”, a déclaré le porte-parole.

Il y a également un désaccord au sein du Conseil fédéral, le principal organe directeur de la Suisse, quant à savoir si une interdiction est justifiée.

Guy Parmelin, le collègue d’Amherd au sein de cet organe de sept membres, a déclaré qu’une interdiction serait disproportionnée par rapport aux libertés d’expression et des médias.

L’UDC de Parmelin a également été le principal opposant à la décision de la Suisse d’adopter les sanctions de l’Union européenne contre la Russie, estimant qu’il s’agit d’une érosion de la neutralité de longue date de la Suisse.

Le DDPS a répliqué en disant que les réseaux ne sont pas des exemples de médias libres et diversifiés, mais plutôt des instruments étatiques contrôlés et financés directement par Moscou.

Le DDPS a indiqué qu’il allait poursuivre l’interdiction, ce qui pourrait conduire à une confrontation juridique pour déterminer la légalité de l’interdiction.

To Top