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Suisse

Comment la spirale des coûts met en péril le système de santé suisse

Les coûts des soins de santé en Suisse sont élevés et en augmentation. Photo de l'Institut national du cancer sur Unsplash

Les coûts des soins de santé en Suisse sont élevés et en augmentation. Photo de l’Institut national du cancer sur Unsplash

Le système de santé suisse est un train à la dérive. C’est peut-être un beau train bien équipé avec des sièges confortables et un beau moteur silencieux, mais il est toujours hors de contrôle. Et les ménages suisses doivent régler la facture, payant environ 60% du coût total via leurs primes et leurs débours.

Au cours des 20 dernières années, les coûts ont augmenté deux fois plus vite que la croissance économique, ce qui a entraîné des primes d’assurance maladie supérieures de 90 % à celles de 2002. Selon une étude récente par le Boston Consulting Group (BCG), si nous continuons sur le cap actuel, les coûts de santé vont plus que doubler d’ici 2040.

Le total des dépenses de santé par habitant en 2020 était de 9 648 CHF et cette année-là, la charge individuelle était de 64 %. Bien que les patients bénéficieraient le plus financièrement de la taille, nous ne pouvons pas nous empêcher de faire des folies sur la santé. A moyen terme, cette tendance pourrait finir par limiter l’accès aux soins.

En vertu de la législation suisse, chaque résident suisse doit souscrire une police d’assurance maladie qui couvre un ensemble de base défini de besoins de santé. Il existe une gamme d’assureurs-maladie à but non lucratif parmi lesquels choisir. Le système se veut équitable, mais l’Office fédéral de la santé publique admet qu’il existe “des opportunités de santé inégales selon le statut socio-économique”.

Le parti du Centre, actuellement en campagne pour un référendum pour des primes plus basses, a sonné l’alarme que le gouvernement pourrait être contraint de réduire ce qui est couvert par le forfait universel de base si les autres mesures ne fonctionnent pas. Cela signifierait l’introduction d’un système à deux niveaux comme on en trouve dans de nombreux autres pays avec une couverture mixte public-privé.

Plutôt que d’attendre d’en arriver au grand public, comment les acteurs les plus influents – hôpitaux, médecins, pharmacies, fabricants – peuvent-ils changer leurs systèmes et leurs pratiques pour économiser de l’argent ? Et qui leur imposera ce changement ?

Avec une forte augmentation des primes attendue pour 2023, il y a un effort dans l’ensemble du spectre politique et au sein du secteur pour proposer des idées, mais un manque de consensus et de concentration signifie que rien ne se passe. Il semble que la Suisse ait besoin d’un tsar de la santé pour faire passer des réformes significatives à long terme.

Certaines des idées politiques actuelles sont de nature à court terme, davantage sur la redistribution des coûts plutôt que sur leur contrôle. L’UDC veut rendre les primes de santé entièrement déductibles des impôts. Les sociaux-démocrates ont également une initiative en cours visant à plafonner les primes à 10% du revenu.

Les soins de santé, qui sauvent et améliorent la vie, ne ressemblent à aucun autre service. Elle est perçue comme essentielle, et plus vous avez d’argent et d’accès, plus elle semble devenir essentielle. Elle est également en constante expansion grâce aux progrès scientifiques et technologiques. Cette combinaison d’augmentation de la demande et de la disponibilité ne pousse les coûts que dans un sens.

Outre les moteurs évidents des dépenses élevées de santé – la croissance économique et le vieillissement de la population, le manque de surveillance joue un rôle important. Il est difficile de regarder par-dessus l’épaule du fournisseur lorsqu’il rédige sa facture ou prend une décision médicale. Plus de transparence est nécessaire.

Caisses-maladie suisses que les patients en Suisse sont facturés trois milliards de plus qu’ils ne devraient l’être chaque année par les médecins et les hôpitaux. Trois milliards sur un coût annuel de 83 milliards de francs (2020), c’est significatif.

Pire encore est le problème du surtraitement. Selon une récente enquête de l’Office fédéral de la santé publique, les patients les plus lucratifs qui ont une assurance complémentaire pour les soins privés ont une fréquence d’opérations plus élevée. Dans ses arguments en faveur de la réduction des coûts, le parti du Centre affirme que 16 000 opérations inutiles du ménisque sont effectuées chaque année en Suisse sans blessure.

Selon une analyse par l’assureur Sympany, il y a aussi trop d’inefficacités dans le système suisse. Un exemple est d’avoir trop de machines coûteuses qui sont sous-utilisées.

Les appareils d’IRM coûtent entre 700 000 et 2,5 millions de francs suisses plus la maintenance et la Suisse compte 25 appareils dans ses hôpitaux par million d’habitants, le troisième taux le plus élevé de l’OCDE après la Finlande et la Corée.

Étonnamment, dans un pays réputé pour l’innovation, la technologie numérique n’est pas utilisée à son plein potentiel. La Suisse est en retard sur nombre de ses voisins en matière de numérisation des soins de santé, bien qu’elle remplisse de nombreuses exigences pour cette transition.

Une nouvelle étude par Elgar Fleisch et Florian von Wangenheim, professeurs à l’ETH Zurich, décrit comment le système de santé suisse aurait pu économiser plus de huit milliards de francs en 2019 en exploitant les technologies numériques actuellement disponibles. La transformation technologique et numérique est l’une des principales priorités identifiées dans le stratégie de santé du gouvernement pour 2030 donc il y a un peu d’espoir.

Au niveau individuel, nous pouvons faire plus. Prévenir ne signifie pas seulement financer des campagnes de santé publique. Chaque personne peut faire sa part pour adopter une alimentation et un mode de vie plus sains.

Certaines choses ne peuvent pas être changées, comme le fait que les Suisses ont une espérance de vie élevée mais souffrent de maladies chroniques nécessitant des soins intensifs en fin de vie. Mais la quête pour freiner la spirale des coûts doit être poursuivie aussi équitablement que possible, idéalement en répartissant la douleur entre tous les acteurs qui gagnent de l’argent dans le système. Ce n’est pas que le problème soit trop important pour être résolu, il est trop important pour ne pas être résolu.

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