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Comment deux sœurs américaines en bonne santé ont-elles pu se suicider en Suisse ?

Comment deux sœurs américaines en bonne santé ont-elles pu se suicider en Suisse ?

L’aide au suicide dans une clinique suisse est légale sous certaines conditions. Photo de Bret Kavanaugh sur Unsplash

Comme l’ont rapporté les médias américains mardi, les sœurs, Lila Ammouri, 54 ans, et Susan Frazier, 49 ans, médecin et infirmière, ont fait un voyage en Suisse le 3 février, annonçant à tout le monde qu’elles partaient en vacances.

Mais lorsqu’ils ne sont pas revenus sur leur vol de retour du 13 février, leur famille et leurs amis ont commencé à s’inquiéter.

Après que le Département d’État américain s’est impliqué dans la mystérieuse disparition, il s’est avéré que les deux femmes, apparemment en bonne santé et heureuses, sont décédées par suicide assisté dans une clinique de Bâle – un plan qu’elles ont caché à tout le monde.

Cette information a été confirmée par le parquet de Bâle-Campagne.

Plus de questions que de réponses

La question de savoir pourquoi les sœurs ont choisi de mourir et pourquoi elles sont venues jusqu’en Suisse pour le faire alors que neuf États américains autorisent le suicide assisté peut rester sans réponse.

Alors que les amis et la famille des femmes pensent qu’un acte criminel a été impliqué dans leur mort, le procureur de Bâle a déclaré qu’aucune enquête pénale n’avait été ouverte car le suicide assisté s’était déroulé “dans le cadre légal” et qu’aucun crime n’avait été commis.

En effet, la législation suisse autorise le suicide assisté sous certaines conditions : si le patient est âgé de plus de 18 ans, mentalement et physiquement capable de prendre la décision de mourir, et s’administre lui-même le médicament dans une résidence privée.

De plus, la personne qui aide au suicide ne doit pas avoir de motifs égoïstes.

Si un tiers administre le médicament, l’acte est considéré comme une euthanasie, ce qui reste illégal ici.

Adhésion et papiers

Un signe que les sœurs planifiaient leur mort en Suisse depuis un certain temps est qu’il n’est pas possible pour quiconque d’entrer dans une clinique et de demander à être mis à mort sur-le-champ (aussi horrible que cela puisse paraître).

Le processus comprend un premier contact (directement ou par l’intermédiaire d’un membre de la famille), des entretiens personnels, des conseils et une charge de paperasse. Cela peut prendre trois mois ou plus, car il s’agit de devenir membre d’une organisation du droit à mourir et de payer tous les frais administratifs – s’élevant à plusieurs milliers de francs – pour la crémation et d’autres dépenses, à l’avance. Une prescription de médicaments létaux sera alors commandée à un médecin.

Il y a encore plus de paperasse à remplir lorsque des étrangers choisissent le suicide assisté en Suisse, ce qui peut également prendre beaucoup de temps.

Pour s’assurer que le processus est conforme à la loi, une vidéo est tournée du patient indiquant son nom, sa date de naissance et qu’il comprend ce qu’il s’apprête à faire. La caméra continue de tourner alors qu’ils ouvrent la valve qui permet à un barbiturique de commencer à couler dans leur veine. Cette séquence est utilisée comme preuve qu’ils se sont volontairement suicidés.

Que les autorités de Bâle ne portent pas plainte dans le cas des deux sœurs implique que tous les processus menant à leur mort ont respecté les règles.

Les personnes en bonne santé peuvent-elles choisir de mourir de cette façon ?

Ni Ammouri ni Frazier n’auraient souffert de maladies en phase terminale ou incurables, alors pourquoi ont-ils été autorisés à se suicider ?

Seules trois conditions doivent être remplies pour le suicide assisté en Suisse : la personne qui souhaite mourir doit avoir sa capacité de décision ; ouvre la vanne lui-même et la personne qui l’assiste ne doit avoir aucun motif égoïste.

Aucune restriction spécifique relative au motif de souffrance n’est mentionnée dans la loi.

Si certaines organisations, comme Exit, appliquent des critères plus stricts à la notion de maladie et de souffrance — par exemple, le patient n’a aucune chance de guérison, ou vit avec des douleurs chroniques et insupportables ou un handicap — la législation suisse en la matière ne s’applique pas spécifiquement aux Maladie physique.

La détresse mentale, également définie comme «souffrance existentielle», bien que décidément une zone grise qui manque de définition, relève également de la catégorie «souffrance».

Selon un rapport cosigné par deux éthiciennes médicales genevoises, « la souffrance ne se limite sûrement pas au statut de la maladie. Si l’on considère que le soulagement de la souffrance est l’une des considérations centrales du suicide assisté, il est raisonnable de penser que l’acceptabilité d’une demande ne doit pas dépendre exclusivement du diagnostic d’une maladie incurable ou terminale ».

Par exemple, l’une des organisations suisses de défense du droit à la mort, Pegasos – qui serait la clinique où les sœurs sont décédées – déclare sur son site Web qu’elle «estime que pour une personne qui envisage de mettre fin à ses jours, sa qualité de vie doit être qualitativement médiocre. Pegasos accepte que certaines personnes qui ne sont pas techniquement « malades » puissent vouloir demander le suicide assisté ».

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