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Suisse

Pas besoin de renforcer la liberté de la presse en Suisse : commission parlementaire

Une enseigne de la deuxième plus grande banque suisse, le Credit Suisse, sur le bâtiment d'une succursale à côté d'un drapeau suisse dans le centre de Genève.

Une enseigne de la deuxième plus grande banque suisse, le Crédit Suisse, sur le bâtiment d’une succursale à côté d’un drapeau suisse dans le centre-ville de Genève. Photo : Fabrice Coffrini/AFP.

L’engagement de la Suisse en faveur de la liberté de la presse est remis en question depuis qu’il a été révélé qu’aucun média suisse n’avait osé participer à une enquête médiatique internationale sur les transactions du Crédit Suisse.

La vaste enquête “Suisse Secrets” menée par des dizaines d’organisations médiatiques du monde entier a affirmé en février que des fuites de données ont révélé comment la deuxième plus grande banque de Suisse détenait plus de 8 milliards de dollars sur des comptes de criminels, de dictateurs et d’auteurs de violations des droits.

Le Credit Suisse a catégoriquement rejeté les “allégations et insinuations” de l’enquête.

Si l’enquête s’est concentrée sur le traitement présumé de l’argent sale par la banque, elle a également mis en lumière l’article 47 de la loi suisse sur les banques, qui, selon les critiques, a affaibli la liberté des médias dans le pays.

Les experts affirment que la loi de 2015, qui a fait de la révélation de fuites de données bancaires une infraction pénale passible de cinq ans de prison, réduit effectivement au silence les initiés ou les journalistes qui pourraient vouloir révéler des actes répréhensibles au sein d’une banque suisse.

Le risque est trop grand

Ainsi, alors que 48 entreprises de presse du monde entier ont participé à l’enquête de Suisse Secrets, aucun média suisse n’y a pris part en raison du risque de poursuites pénales.

“Le risque judiciaire est tout simplement trop important”, a reconnu à l’époque le grand groupe de médias Tamedia, qui a participé à de précédentes enquêtes internationales sur des fuites de données.

La principale experte des Nations Unies en matière de liberté d’expression, Irene Kahn, a écrit au gouvernement suisse en mars pour lui faire part de ses préoccupations concernant cette loi.

“La loi bancaire suisse est un exemple de criminalisation du journalisme”, a-t-elle déclaré dans une interview accordée au quotidien Tages-Anzeiger cette semaine, avertissant que cela pourrait entraîner une autocensure.

Au milieu de ces critiques, la Commission des affaires économiques et des impôts du Parlement suisse a été invitée à examiner les demandes de révision de la législation.

Après avoir entendu les arguments du secteur bancaire et des experts en matière de criminalité financière et de droits des médias, les membres de la commission ont rejeté l’appel à changer la loi, selon un communiqué du Parlement vendredi.

“La majorité de la commission n’a pas jugé nécessaire d’intervenir au niveau législatif”, précise le texte.

La commission, qui est chargée de discuter et de fournir des recommandations sur des questions avant qu’elles ne soient débattues dans la chambre parlementaire plénière, a souligné les progrès réalisés par les banques suisses ces dernières années dans la lutte contre le blanchiment d’argent et d’autres crimes économiques.

Aujourd’hui, “elles sont en conformité avec les normes internationales”, selon le communiqué.

Elle a également mis en garde contre le fait que la modification de la loi pourrait entraîner des “accusations publiques visant des individus”, sans donner plus de détails. Et les membres du comité ont souligné qu'”aucun journaliste n’avait jamais été condamné jusqu’à présent par un tribunal pour avoir violé la loi 47″.

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