L’Espagne salue l’appel de Berlin en faveur d’une liaison gazière européenne

Cette proposition intervient alors que l’Europe s’efforce de trouver des moyens de réduire rapidement sa dépendance énergétique à l’égard de la Russie, suite à l’invasion de l’Ukraine, qui a bouleversé le marché de l’électricité, faisant grimper les prix en flèche et poussant les pays à s’approvisionner.

Jeudi, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré qu’un pipeline traversant le Portugal, l’Espagne et la France vers l’Europe centrale était “manifestement absent” et que s’il existait, il pourrait apporter “une contribution massive” à l’atténuation de la crise de l’approvisionnement.

L’Espagne dispose actuellement de six terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL) pour traiter le gaz qui arrive par la mer, ce qui pourrait aider l’UE à augmenter ses importations, mais elle n’a que deux liaisons de faible capacité avec le réseau gazier français, qui est relié au reste de l’Europe.

Madrid a fait pression pour la relance du projet de gazoduc reliant les Pyrénées catalanes à la France, ce qui pourrait augmenter considérablement sa capacité d’approvisionnement.

S’exprimant à la télévision publique espagnole, la ministre de l’écologie Teresa Ribera a salué les remarques du chancelier et a exprimé la “volonté de Madrid de contribuer à la crise énergétique … en utilisant l’infrastructure de regazéification de l’Espagne”.

Le Premier ministre portugais, Antonio Costa, a déclaré qu’une telle liaison par gazoduc vers l’Europe centrale était “une priorité” pour le Portugal, et a salué la position de l’Allemagne qui augmente “la pression sur les institutions européennes” pour faire avancer ce dossier.

Bien qu’il existe un bon réseau de gaz dans la péninsule ibérique, le problème est de le transporter à travers les Pyrénées. L’Espagne et son opérateur de réseau de gaz Enagas travaillent avec les autorités françaises pour développer “une interconnexion plus simple”, a déclaré le ministre espagnol.

“Ce gazoduc à travers les Pyrénées catalanes nécessiterait un investissement”, a-t-elle déclaré, ajoutant qu'”Enagas estime que le gazoduc pourrait être opérationnel en huit ou neuf mois du côté sud de la frontière”.

Le pipeline serait similaire au défunt projet MidCat qui cherchait à relier le Portugal, l’Espagne à la France, mais il a suscité l’opposition des groupes environnementaux et les travaux ont été arrêtés en 2019 lorsque le financement est tombé à l’eau.

Mais la guerre en Ukraine a relancé les appels à reprendre de tels projets, y compris de la part de la chef de l’UE Ursula von der Leyen.

S’adressant à l’AFP, une porte-parole d’Enagas a confirmé le délai “de huit à neuf mois à partir du début de la construction”.

Dans le cadre de son plan stratégique 2022-2030, la société vise à dépenser quelque 370 millions d’euros pour le projet de pipeline.

Ribera a également déclaré que l’Espagne s’efforçait de mieux utiliser ses pipelines existants en installant un compresseur supplémentaire, ce qui lui permettrait d’augmenter le volume de gaz exporté de 20 à 30 %.

Cela pourrait avoir lieu dans “deux ou trois mois”, a-t-elle ajouté.

“Évidemment, ce n’est pas beaucoup – grâce à ces interconnexions, nous pouvons fournir jusqu’à 2,0-2,5 pour cent du gaz consommé dans l’ensemble de l’Union européenne – mais c’est pertinent.”