Le film danois sur les réfugiés “Flee” sous les projecteurs avant les Oscars

“Flee”, un film d’animation qui est en lice pour trois Oscars, tente de montrer qu’être un réfugié, c’est ce qui vous arrive, pas ce que vous êtes, a déclaré son réalisateur à l’AFP.

Le film danois, qui est en lice pour trois Oscars, est à l’honneur avant la cérémonie des Oscars de dimanche, alors que le monde assiste à un autre exode massif, celui de millions d’Ukrainiens fuyant la guerre dans leur pays.

“J’espère vraiment que nous pourrons donner une certaine nuance et une certaine perspective”, a déclaré à l’AFP le réalisateur Jonas Poher Rasmussen, à la veille de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

“Être un réfugié n’est pas une identité. C’est une circonstance de la vie”.

En 2015, “nous avions des réfugiés syriens sur les autoroutes ici au Danemark, et partout en Europe. Et j’ai ressenti le besoin de donner un visage humain à ces personnes”, a-t-il déclaré.

L’idée du documentaire est née d’une conversation entre le réalisateur de 40 ans et son ami d’enfance, surnommé “Amin” dans le film pour protéger son identité.

Amin est arrivé comme un adolescent réfugié dans le petit village de Rasmussen près de Copenhague en 1996.

“L’histoire est racontée de l’intérieur d’une amitié”, a déclaré Rasmussen.

Au début, “je ne pensais pas à faire un film politique”. Mais son point de vue a changé au cours des dix années qui se sont écoulées entre la conception du film et le début de la production.

Combinant animation 2D, croquis et images d’archives, “Flee” est autant une réflexion sur l’agonie de la fuite d’un réfugié que le thème universel de la quête de l’homme pour se faire une place dans le monde.

“Je pense que les gens peuvent vraiment s’identifier à l’universalité de l’histoire”, a déclaré M. Rasmussen.

“La plupart des gens, à un moment donné de leur vie, recherchent cet endroit où ils sentent qu’ils peuvent être, honnêtement, qui ils sont”.

Le film évoque également des parallèles avec la nouvelle prise de pouvoir des talibans en Afghanistan l’été dernier.

Lorsqu’il était jeune garçon et adolescent dans les années 1980 et 1990, Amin portait les robes de sa sœur et fantasmait plus tard sur des béguins secrets, comme le musclor hollywoodien Jean-Claude Van Damme.

Mais il n’était pas en mesure d’exprimer librement son homosexualité.

Sa situation devient encore plus intenable avec la prise de pouvoir des Talibans en Afghanistan dans les années 1990.

“C’est vraiment l’histoire de quelqu’un qui a dû se fuir lui-même toute sa vie”, a déclaré Rasmussen.

Il s’agit de “chercher un endroit dans le monde où vous pouvez être qui vous êtes, avec tout ce que cela implique, avec votre sexualité, votre passé et tout le reste”.

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Amin a passé des années à ne pas oser parler de son passé et de ses secrets, construisant des murs qui l’empêchaient de s’ouvrir aux autres.

Aujourd’hui marié, il est ravi que l’animation lui ait permis de raconter son histoire incognito, sans que tous ceux qu’il rencontre aient à connaître ses traumatismes personnels et ses secrets les plus intimes, a déclaré le réalisateur.

“Flee”, qui a remporté le prix du jury du festival de Sundance, a été nommé pour trois Oscars : meilleur film international, meilleur documentaire et meilleur film d’animation.

Le Danemark est connu pour sa politique d’immigration ultra-restrictive, bien qu’il ait assoupli ses restrictions pendant la guerre en Ukraine.

Rasmussen a déclaré qu’il était surpris par le succès de “Flee”.

Ancien documentaliste de radio, il a réalisé plusieurs autres films, mais le succès dont jouissent ses contemporains danois Lars von Trier et Thomas Vinterberg lui a jusqu’à présent échappé.

C’est sa percée internationale.

“Au début… notre critère de réussite était une diffusion télévisée nationale ici (au Danemark). Et puis le projet a grandi, grandi, grandi, et tout d’un coup, nous voilà avec trois nominations aux Oscars.”