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Allemagne

La communauté russe de Berlin déchirée entre les craintes de la guerre et la loyauté

La communauté russe de Berlin déchirée entre craintes de la guerre et loyauté

Un supermarché russe dans le quartier de Mazahn à Berlin. Photo : dpa Britta Pedersen

Certains se disent révoltés par Poutine, d’autres défendent le “grand” président russe et dénoncent la “propagande” occidentale contre leur patrie.

A Berlin, la capitale allemande, coupée en son centre par le mur pendant la guerre froide, les tensions sont palpables.

“J’ai vraiment peur et je suis furieuse en même temps contre Poutine”, confie à l’AFP Maria Khristine, 29 ans, qui travaille dans le management.

Elle vit à Berlin depuis 2015 pour poursuivre ses études “mais aussi pour échapper à la Russie”.

Elle vit dans le quartier ouest de Charlottenburg, surnommé Charlottengrad dans les années 1920 pour son grand nombre d’émigrés russes, et est…
parmi les quelque 3,3 millions de personnes en Allemagne issues de l’ex-Union soviétique.

Environ 151 000 d’entre eux vivent à Berlin, qui a été divisée en secteurs occidentaux et soviétiques jusqu’à la réunification en 1990 et qui porte encore l’empreinte architecturale et culturelle de cette division.

Les quartiers orientaux de la capitale abritent de vastes mémoriaux à la mémoire des soldats de l’Armée rouge tombés pendant la Seconde Guerre mondiale, et l’imposante ambassade de Russie occupe une place de choix sur le boulevard Unter den Linden, près de la Porte de Brandebourg.

“Je m’attendais à cette attaque, qui n’est rien d’autre qu’une prise de pouvoir éhontée du président russe”, a déclaré Khristine, dont les arrière-grands-parents étaient ukrainiens.

Elle craint que “rien ne l’arrête, pas même les sanctions : Je suis très fataliste”.

Ce sujet délicat

De l’autre côté de la ville, dans l’ex-Berlin-Est, l’humeur oscille entre le macabre et le défi.

“Nous devons toujours nous opposer à toutes les guerres – elles ne mènent à rien”, a déclaré un homme d’une trentaine d’années qui a donné son nom, Igor, devant une église orthodoxe russe.

Soudain, un prêtre orthodoxe sortant de l’édifice se précipite sur lui et lui interdit de parler davantage.

“L’église est divisée sur ce sujet délicat car il est très politique”, insiste-t-il auprès de l’AFP avant de s’éloigner précipitamment.

Dans le quartier de Marzahn, où s’étendent de vastes cités de préfabriqués construits sous le communisme, Sergueï Vladim, 63 ans, a deux avis sur l’attaque russe.

“Les bombardements ne sont pas une solution mais en même temps, il n’est pas normal que l’OTAN tente de s’étendre à l’Europe de l’Est”, déclare ce retraité, arrivé en Allemagne en 1994 avec ses parents.

“Poutine a pris cela comme un acte d’agression”.

Les Ukrainiens “nous appartiennent

Un peu plus loin, devant une immense fresque du cosmonaute Youri Gagarine, les clients d’un magasin de fournitures russes se croisent sans se parler.

“C’est très grave mais je m’y attendais. C’est injuste”, dit Vira, une cliente ukrainienne poussant une poussette qui refuse de donner son nom de famille.

Elle aimerait accueillir ses cousins qui tentent de fuir Kiev mais “sont bloqués dans les embouteillages”.

“Les Russes sont des terroristes !”, crie un passant sur le parking avant de monter dans sa voiture.

Un déchaînement rejeté par Mila Svetlana, 53 ans, qui dit compter encore sur la diplomatie pour mettre fin aux combats.

Néanmoins, elle estime que le “grand” président Poutine “n’a répondu qu’aux attaques des séparatistes” dans l’est de l’Ukraine, dont elle soutient l’indépendance.

“Il avait raison et n’a tiré que sur l’armée ukrainienne”, affirme la Russe, qui s’informe via la chaîne pro-russe RT et “sur la messagerie WhatsApp”.

Un homme de 36 ans qui se fait appeler Digat et qui vit en Allemagne depuis son enfance acquiesce.

“Les médias occidentaux continuent de dire que Poutine est le méchant, mais c’est de la pure propagande. La Russie se défend depuis longtemps contre les provocations occidentales. Maintenant, sa patience est terminée”, a-t-il déclaré.

“Nous sommes un seul peuple avec les Ukrainiens. Il ne devrait pas y avoir de frontières car elles nous appartiennent.”

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