C’est maintenant ou jamais : Les victimes des prêtres prédateurs en Italie demandent une enquête sur les abus.

Alors que des enquêtes menées aux États-Unis, en Europe et en Australie ont révélé l’ampleur du problème des abus sexuels et des dissimulations au sein de l’Église, des militants affirment que l’Italie ne peut plus échapper à un examen minutieux.

“Le gouvernement doit agir, il doit profiter de l’élan créé par les enquêtes impartiales menées ailleurs”, a déclaré à l’AFP Francesco Zanardi, fondateur de Rete l’Abuso (Réseau des abus).

“Si l’Italie ne le fait pas maintenant, je crains qu’elle ne le fasse jamais”, a déclaré Zanardi, qui a été abusé par un prêtre lorsqu’il était jeune adolescent.

Neuf groupes sont en train de former un consortium visant à faire pression sur le pays pour qu’il lance une enquête comme celles qui ont eu lieu récemment en Italie et au Royaume-Uni.

Cristina Balestrini, qui a créé un groupe de soutien aux familles après que son fils ait été abusé par un prêtre, a déclaré à l’AFP que la chose la plus importante pour les survivants était “de s’assurer que cela ne se reproduise jamais”.

“Il y a beaucoup de victimes qui se suicident, et personne ne le sait”, a déclaré Balestrini.

Rete L’Abuso a enregistré plus de 300 cas de prêtres accusés ou condamnés pour abus sexuels sur des enfants au cours des 15 dernières années en Italie, sur un total de 50.000 prêtres dans le pays.

Giada Vitale n’est qu’un exemple parmi d’autres que le groupe cite. Elle était une timide joueuse d’orgue de 13 ans lorsque le prêtre de sa paroisse, Marino Genova, a abusé d’elle dans la sacristie. Elle a été molestée pendant trois ans.

Le bourreau de Vitale a été condamné en 2020, mais les groupes de victimes disent qu’une telle condamnation est rare parce que l’Italie est en retard par rapport aux autres pays dans la lutte contre les prédateurs.

Il est impossible d’obtenir des chiffres précis sur l’ampleur du problème.

Le principal conseiller du Vatican en matière d’abus cléricaux a déclaré à l’AFP ce mois-ci qu’il était temps pour le pays à majorité catholique de faire ses propres comptes.

L’église n’est plus aussi puissante qu’autrefois en Italie, mais elle conserve une énorme influence et deux tiers de la population sont croyants, selon une enquête de 2019.

Le pape François, qui a durci les peines infligées aux prêtres abuseurs en vertu de la loi vaticane, a rationalisé lundi le bureau du Vatican qui traite les plaintes pour abus, dans le but d’accélérer les dossiers.

Mais Zanardi de Rete l’Abuso a déclaré qu’il “aurait peu de foi” dans une enquête interne.

Balestrini, 56 ans, se méfie également de l’église depuis “qu’ils ont agi comme si nous étions l’ennemi, faisant de nous des victimes deux fois plus” après que son fils adolescent ait été abusé en 2011.

Le clerc en question, Mauro Galli, a d’abord été déplacé discrètement dans une autre paroisse. Il a ensuite été condamné.

Elle espère que le consortium pourra faire pression sur l’église pour qu’elle ouvre ses archives, car le scandale, dit-elle, “est beaucoup plus grand que ce que vous pouvez imaginer”.

Balestrini a déclaré que la découverte de la vérité ne serait pas facile pour l’Italie, mais que l’Eglise serait bien avisée de jouer un rôle actif pour se nettoyer.

“Pour le moment, ils essaient de garder un couvercle sur le sujet, mais il vaut mieux choisir d’enlever le couvercle soi-même, plutôt que de le voir s’envoler”.