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Suisse

Pourquoi le certificat Covid de la Suisse n’est “pas discriminatoire” ?

Un certain nombre de rassemblements ont eu lieu en Suisse ces dernières semaines, avec des milliers de manifestants affirmant que l’exigence du certificat Covid est discriminatoire. Selon des experts juridiques, elle ne l’est pas.

Depuis le 13 septembre, le certificat Covid attestant de la vaccination, de la guérison du coronavirus ou d’un test négatif récent est nécessaire pour accéder aux bars, restaurants et autres lieux couverts tels que les universités.

Le gouvernement a introduit cette mesure dans le but d’endiguer le nombre d’admissions hospitalières liées au Covid, qui a grimpé pendant l’été, menaçant de surcharger les unités de soins intensifs.

La mesure reste très controversée, de nombreux Suisses affirmant qu’elle viole leurs droits fondamentaux et constitue une discrimination à l’encontre de ceux qui ne souhaitent pas être vaccinés.

Cependant, ces arguments ne pèsent pas lourd, selon Dario Meili, chercheur sur l’inégalité et la discrimination au Centre pour le développement et la coopération de l’ETH, une université publique de Zurich.

“L’obligation du certificat pour accéder à certains lieux n’est pas discriminatoire car on peut choisir librement de se faire vacciner ou non”, écrit Meili dans un rapport publié sur le site de l’université et dans les médias suisses. Il concède toutefois qu’elle entraîne une inégalité de traitement.

Meili a défini la discrimination comme “des actes, pratiques ou mesures qui désavantagent des personnes en raison de leur appartenance à un certain groupe social”, basé sur le sexe, l’ethnie ou la croyance religieuse.

Cependant, ce n’est pas le cas pour le certificat.

Le certificat est également conforme à la Constitution suisse, écrit Meili, car la Constitution garantit la prépondérance de l’intérêt public et la protection des droits fondamentaux des tiers, écrit-il.

Pour prouver ce point, Meili a cité l’exemple de l’interdiction de fumer dans les restaurants. L’objectif est de protéger la santé des clients et du personnel non-fumeurs plutôt que de punir les fumeurs. Dans ce contexte – comme pour les vaccins – la liberté d’allumer une cigarette est moins importante que le droit des autres à être en bonne santé.

Il a également cité un autre exemple : la vaccination contre la fièvre jaune dans les pays tropicaux, où la santé publique prime sur la liberté individuelle des touristes.

Meili a également noté que les comparaisons faites par certains anti-vax suisses entre la “discrimination par certificat” et l’apartheid en Afrique du Sud ou la persécution des juifs dans l’Allemagne nazie sont “non seulement absurdes, mais elles affaiblissent également le concept de discrimination et érodent les principes de lutte contre les injustices actuelles”.

Dans l’ensemble, le certificat n’empêche pas les personnes non vaccinées d’accéder à des services de base, tels que le shopping ou l’utilisation des transports publics, a-t-il déclaré. Aller au restaurant, en revanche, n’est pas une activité essentielle.

“Les opposants au certificat, qui réclament des droits fondamentaux sans restriction, oublient que leur liberté d’aller partout sans certificat affecte les droits des autres”, a-t-il souligné.

Il a cité Daniel Koch, ancien chef de l’Office fédéral de la santé publique, qui a déclaré que “chacun a le droit de prendre le risque de tomber malade. Mais personne n’a le droit d’infecter les autres”.

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