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Italie

Élections : Les habitants de Lampedusa, en Italie, ” laissés pour compte ” de l’immigration.

Élections : Les résidents de Lampedusa en Italie

L’île de Lampedusa, dans le sud de l’Italie, est connue pour être un “point chaud” pour les migrants, mais les habitants disent qu’ils aimeraient que les politiciens se penchent sur d’autres problèmes. Photo de Filippo MONTEFORTE / AFP

“Ce ne sont que des mots, des mots”, se plaint Pino D’Aietti, qui, comme de nombreux habitants de la petite île de Lampedusa, se sent abandonné par les politiciens italiens – sauf lorsqu’une vague d’arrivées de migrants fait la une des journaux.

Ce plombier retraité de 78 ans est assis à l’extérieur d’un restaurant de l’île, où le leader anti-immigration Matteo Salvini a passé les deux derniers jours dans le cadre de sa campagne pour le 25 septembre.

Située entre la Sicile et la Tunisie, Lampedusa est connue pour ses plages et ses eaux turquoise, mais aussi comme le point de débarquement de milliers de migrants sur des bateaux en provenance d’Afrique du Nord.

Jeudi, M. Salvini a visité le centre d’accueil des migrants de l’île, où près de 1 500 hommes, jeunes pour la plupart, étaient entassés dans une installation prévue pour 350 personnes.

Mais alors que le leader de la Ligue fait de l’immigration la pierre angulaire de sa campagne électorale, il y a un sentiment de désillusion ici ; une île de seulement 6.000 habitants au milieu de la Méditerranée.

“Nous avons le carburant le plus cher, le purificateur (d’eau) ne fonctionne plus depuis longtemps, il n’y a pas d’hôpital”, s’indigne D’Aietti, tandis que des touristes en maillot de bain parcourent les boutiques voisines.

“Nous sommes des pièces de rechange. Quand les touristes partent, les déchets que nous mangeons ! C’est dégoûtant. Et qui nous défend ?”

Le leader de la Ligue Matteo Salvini profite d’une promenade en bateau lors de sa visite de l’île pélagique de Lampedusa, dans le sud de l’Italie, pour sa campagne électorale, le 5 août 2022. Photo de Filippo MONTEFORTE / AFP

Le manque de soins de santé est un thème récurrent.

“Nous avons des spécialistes et c’est tout. Pour tout le reste, nous devons aller sur le continent”, a déclaré Maria Garito, 58 ans.

Le maire Filippo Mannino admet que les soins de santé sont un problème, mais déclare à l’AFP : “La municipalité a des moyens limités, c’est à l’État de prendre en charge”.

Il a également demandé plus d’aide de Rome – et de l’Union européenne – pour aider à gérer le nombre de migrants, qui devient souvent ingérable pendant les mois d’été, lorsque des mers plus calmes provoquent une augmentation des nouvelles arrivées.

Non loin de la mairie, au bout d’une route isolée, se trouve ce qu’on appelle le hotspot, le centre de réception des immigrants.

Il est protégé par des grilles en acier, mais on peut voir ceux qui s’y trouvent passer les heures dans quelques endroits ombragés.

Le gouvernement a accepté la semaine dernière de mettre en place un ferry spécial pour transférer les migrants trois fois par semaine vers la Sicile, et les journalistes de l’AFP ont vu cette semaine des centaines de personnes monter sur un bateau.

Des personnes dans un centre de traitement des migrants sur l’île de Lampedusa, le 4 août 2022. Photo de Filippo MONTEFORTE / AFP

Peu de gens ont l’occasion de goûter aux délices de Lampedusa – contrairement à Salvini, qui a été photographié en maillot de bain dans un bateau de plaisance au large de l’île vendredi.

Bien que les habitants préfèrent ne pas parler des migrants, les préjugés sont un problème ici.

Ibrahima Mbaye, un Sénégalais de 43 ans qui est arrivé ici avec un visa français il y a trois ans, a déclaré “il y a des gens bien mais la moitié des gens sont racistes, on le sent”.

Il travaille comme pêcheur, mais dit que cela n’a pas été facile – et cela ne l’est pas non plus pour ceux qui arrivent illégalement.

“Ils pensent que l’Italie est leur avenir, mais quand ils arrivent, ils sont déçus. Ils comprennent que ce n’est pas facile de gagner de l’argent”, dit-il à l’AFP.

Quant aux touristes en vacances à Lampedusa, beaucoup ne sont pas au courant ou sont prêts à fermer les yeux.

“Nous lisons des articles dans les journaux, mais nous ne le ressentons pas vraiment”, déclare Dino, la cinquantaine, qui vient ici chaque été depuis dix ans.

Les deux visages de Lampedusa “sont deux choses distinctes”, ajoute-t-il.

Par Clément Melki de l’AFP

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