Christian Lindner, un passionné de voitures au volant de la première économie d’Europe

Cet homme de 42 ans au verbe rapide a pris les clés du poste qu’il convoite depuis des années à un moment crucial pour l’économie allemande.

L’amateur de voitures anciennes, qui avait l’habitude d’énumérer ses centres d’intérêt en dehors de la politique sur son site web comme “tout ce qui peut être rempli d’essence”, supervisera un programme d’investissement vert massif approuvé par la nouvelle coalition.

Deux jours après son entrée en fonction, la semaine dernière, M. Lindner a annoncé un nouveau financement de 60 milliards d’euros pour des “investissements futurs”, y compris des plans de lutte contre le changement climatique, que le cabinet examinera lundi.

L’enthousiasme du nouveau ministre pour la discipline fiscale a fait qu’il n’était pas un allié naturel pour ses nouveaux partenaires de coalition, les sociaux-démocrates (SPD) et les Verts.

Pendant la campagne électorale, le vice-président du SPD, Kevin Kuehnert, a qualifié Lindner de “poids plume”, critiquant son “économie vaudou”.

Lindner lui-même a déclaré au radiodiffuseur public ARD qu’il “manquait d’imagination” pour penser à une offre que les sociaux-démocrates, partisans d’une augmentation des impôts et des dépenses publiques, pourraient faire pour l’inciter à conclure un accord.

Mais le leader du FDP, qui s’est fiancé à sa petite amie pendant la campagne à Berlin, a finalement accepté de se marier à un nouveau partenariat politique improbable.

Débrayage de fin de soirée

Ayant rejoint le FDP à l’adolescence, Lindner a connu une ascension rapide dans les rangs du parti.

Dès sa sortie de l’école, il fonde sa propre société de publicité avant de quitter le monde des affaires pour entrer au parlement régional de Rhénanie-du-Nord-Westphalie en tant que plus jeune représentant.

Quatre ans plus tard, à l’âge de 25 ans, il devient secrétaire général du parti régional, secrétaire général du parti national à 30 ans et finalement chef du parti à 34 ans.

Lindner a pris le contrôle en 2014 alors que le FDP était au plus bas, hors du gouvernement et du parlement fédéral après qu’il n’ait pas remporté suffisamment de voix pour se voir attribuer un quelconque siège.

Le retour au gouvernement aurait pu se faire plus tôt. Après les élections générales de 2017, beaucoup s’attendaient à ce que Lindner noue un accord avec les Verts et les alliés naturels du parti, les conservateurs.

Dans un revirement spectaculaire, Lindner a fait irruption dans les premiers pourparlers de coalition pour faire une déclaration en fin de soirée où il a déclaré qu’il était “préférable de ne pas gouverner, que de mal gouverner”.

Interrogé sur cette décision en 2018 par l’hebdomadaire d’information Spiegel, Lindner a déclaré : “Je dois savoir que cela va définitivement fonctionner”.

Sauveur avisé

Au sein du FDP, Lindner a été le “sauveur” du parti, estime Hans Vorlaender, politologue à l’Université technique de Dresde.

Après avoir pris la direction du parti, Lindner, au visage frais, a entrepris de se débarrasser de “l’odeur de maison de retraite” du parti, comme l’a dit le Spiegel, et de dissiper son image de salon de discussion pour les vieux hommes.

Il a fait appel à des consultants en image pour donner un nouveau coup de peinture à l’organisation en 2015, égayant le bleu et le jaune traditionnels du FDP et ajoutant un éclair punk de magenta à la palette.

Un portrait morose en noir et blanc du leader libéral était le visage de la campagne d’affichage du FDP pendant l’élection, suscitant des critiques selon lesquelles le parti était devenu un homme-orchestre.

Selon M. Vorlaender, Lindner se présente sur les médias sociaux comme “le représentant des jeunes qui ont le sens du numérique” et a fait de la numérisation et de la réforme de l’éducation des éléments clés du programme du parti.

Le gambit semble avoir porté ses fruits, non seulement par le résultat, mais aussi parce que le FDP a obtenu la deuxième place, juste derrière les Verts, parmi les électeurs âgés de 18 à 24 ans.

Le retour du parti au parlement et deux résultats électoraux successifs à deux chiffres sont “une réussite incroyable”, selon Vorlaender. “Sans lui, cela ne serait certainement jamais arrivé”.